La priorité est donnée à l’étranger. Les promoteurs de l’internationalisation des entreprises ont martelé mardi leurs ambitions pour cette année consistant à pousser les sociétés françaises à conquérir d’autres marchés, à la veille de la publication d’un déficit commercial proche de niveaux historiques. La dixième édition de Bercy France Export, organisée au ministère de l’Économie, a été l’occasion de rappeler «la mobilisation totale» en faveur du développement à l’export, selon Jérôme Fournel, le directeur de cabinet de Bruno Le Maire, malgré l’absence du ministre des Finances de cette réunion rassemblant des entreprises et des représentants de l’État, et de celle d’un ministre délégué pour cause de remaniement encore en cours.

Portée par ses résultats de l’an dernier, la France entend monter en puissance cette année. «Plus de 13.200 entreprises ont été accompagnées en 2023», soit une progression de 28% sur un an, s’est réjoui le directeur général de Business France Laurent Saint-Martin, sous la bannière de la Team France Export (TFE), un guichet unique destiné aux entreprises qui s’internationalisent.

«C’était loin d’être gagné», a rappelé le dirigeant après deux années de pandémie qui ont mis un coup de frein brutal aux échanges commerciaux et favorisé le repli sur soi. Membre de la TFE avec BPI France et les chambres de Commerce et d’industries, Business France a contribué à accompagner 5000 entreprises sur des salons internationaux l’an dernier, et 2500 ont bénéficié d’une subvention portée à 30% de leurs coûts pour participer à l’un des pavillons France à l’étranger.

Ces résultats ont été favorisés par l’adoption du plan «Osez l’export» en septembre, un dispositif présenté par le ministre délégué au Commerce extérieur, Olivier Becht, assorti d’une enveloppe de 125 millions d’euros pour encourager les envies d’étranger des entreprises. Pour ses promoteurs, ce plan doit encore monter en puissance car plusieurs de ses dispositions n’entrent en vigueur que cette année, à l’instar du Volontariat territorial en entreprise (VTE), une aide à l’embauche, de l’accompagnement personnalisé de 1000 entreprises lauréates du dispositif France 2030, ou d’une simplification de certaines règles administratives.

Avec ces mesures et d’autres, le gouvernement parie sur l’atteinte du cap des 200.000 entreprises exportatrices à l’horizon 2030, là où le niveau évolue encore aujourd’hui autour de la barre des 150.000. Ces efforts tardent toutefois encore à se matérialiser nettement dans les statistiques du commerce extérieur français malgré la volonté de ses promoteurs. Les chiffres pour l’année 2023 attendus mercredi devraient montrer un déficit autour de 100 milliards d’euros.

Il s’agira du deuxième déficit le plus élevé de l’histoire depuis 2022 et les 164 milliards enregistrés alors, sur fond d’explosion des prix de l’énergie importée après l’éclatement de la guerre en Ukraine. L’évolution des exportations françaises sera particulièrement scrutée par les acteurs présents à Bercy France Export, après avoir affiché un recul de 0,8% au premier semestre. Pour l’heure, ces derniers préfèrent voir le verre à moitié plein sur le front du commerce extérieur, en déficit chronique depuis plus de vingt ans: sa contribution à la croissance du PIB français est positive, fait valoir une source au ministère de l’Économie, et la France était en 2022 le cinquième exportateur mondial de biens et services. «On s’attend à ce que les résultats de 2023 confirment cette position», a ajouté cette source.