«Le carburant qu’il reste est suffisant pour 10 heures d’électricité à Gaza», écrivait un habitant du territoire palestinien à 8h32 ce mercredi matin, depuis un groupe de la messagerie Telegram. Les quelque deux millions d’habitants de Gaza subissent déjà des coupures de courant quotidiennes depuis des années et ne bénéficient que d’une dizaine d’heures d’électricité par jour. Mais cette fois, ils pourraient être totalement privés de courant, pour une durée indéterminée.

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En représailles à l’invasion du Hamas samedi qui a fait 1200 morts en Israël selon le dernier bilan, le ministre de la Défense israélien a annoncé lundi un siège «total» de la bande de Gaza, «pas d’électricité, pas d’eau, pas de gaz», l’État hébreu revendiquant le «droit de se défendre contre une telle brutalité». La réponse militaire a tué 1055 personnes côté palestinien, d’après le ministère de la Santé dirigé par le Hamas. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a déclaré dans un communiqué que «l’imposition de sièges qui mettent en danger la vie des civils en les privant de biens essentiels à leur survie est interdite par le droit international humanitaire».

L’enclave palestinienne dispose d’une seule centrale électrique opérationnelle. Elle fonctionne au fioul, carburant principalement envoyé d’Israël. Or, ces importations sont interdites conformément au siège israélien. En début d’après-midi, la nouvelle redoutée est tombée: l’unique centrale s’est arrêtée, faute de carburant.

Cette centrale a une capacité de 140 mégawatts (MW) mais fonctionne souvent à 80 MW à peine. Ceci pour une demande de 400 MW. Autrement dit, avant même le siège «total», la centrale palestinienne fournissait moins du quart du courant. Il existe bien des lignes à haute tension raccordées à l’Égypte, mais selon l’ONU (Bureau de la coordination des affaires humanitaires, OCHA, en anglais) elle ne fournit plus d’électricité depuis 2017. Depuis 2018, le courant fournit par Israël, via plusieurs lignes à haute tension apportait autour de 120 MW, toujours selon l’OCHA. Cette année, jusqu’à l’attaque du Hamas, les Gazaouis avaient de l’électricité en moyenne 13 heures sur 24.

Certains habitants et infrastructures disposent de groupes électrogènes. Mais ceux-ci, en plus d’être coûteux, fonctionnent au fioul et sont donc dépendants des réserves et de l’approvisionnement israélien, désormais coupé.

S’agissant de l’accès à l’eau, 90% de cette ressource disponible à Gaza est impropre à la consommation selon l’ONU. 10% de l’eau potable est fournie par Israël. La seule ressource exploitable est un aquifère contaminé par des infiltrations d’eau de mer. En 2017, l’Union européenne et l’Unicef ont financé dans le sud de Gaza une usine de dessalinisation. Mais celle-ci consomme beaucoup d’énergie et a besoin de carburant pour fonctionner. Elle devrait donc cesser de fonctionner d’ici quelques jours.

Au large de la Bande de Gaza, d’importants gisements de gaz ont été découverts il y a une vingtaine d’années mais les accords d’exploitation en pourparlers avec l’Égypte sont bloqués par l’État hébreu, qui lui-même exporte son gaz via l’Égypte.

En outre, depuis 2007, le blocus israélien impose un contrôle très strict des importations et des mouvements de personnes. Par exemple, le transit de l’acier est interdit. Cet isolement entrave tout le développement de l’économie sur un territoire où la moitié de la population – 70% des habitants ont moins de 30 ans – est au chômage. Le siège «total» imposé par Israël ajouté aux destructions d’infrastructures, fait basculer Gaza dans une autre dimension.

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