Les Franciliens vont devoir prendre leur mal en patience. Ce mardi, à l’occasion d’une audition de la RATP et de la SNCF, Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, a fait un point sur la qualité du réseau de transports en commun sur le territoire. Si l’élue se félicite d’«un redressement» de l’offre de service entre avril 2023 et avril 2024, plusieurs lignes restent toujours en difficulté, à quelques semaines des Jeux olympiques.
Déjà pointée du doigt en avril 2023, la ligne 8 est toujours «en difficulté», selon les données récoltées par Île-de-France Mobilités (IDFM), qui n’ont pas été détaillées lors de la réunion. Parallèlement, trois lignes de métro restent quant à elles «fragiles» : la 3, la 6 et la 13. La 11 et la 12, autrefois «fragiles», sont revenues «proches de leurs objectifs» en avril 2024. Au total, dix lignes de métro enregistrent une offre «au-dessus de 90%» de l’objectif par IDFM.
«Toute l’entreprise est en ordre de bataille», assure Jean Castex, PDG du groupe RATP, en réponse à Valérie Pécresse. S’il craint que la ligne 6 reste «fragile» à cause des Jeux olympiques, il espère une prochaine amélioration sur la ligne 8. Trente conducteurs vont ainsi être ajoutés sur cette ligne, ainsi qu’une équipe cynophile au terminus Balard pour limiter les retards engendrés par les bagages oubliés des voyageurs. Les bus, eux, dont le fonctionnement est aussi assuré par la RATP, ont vu leur situation s’améliorer en 2023. «Les causes internes ont été réduites et ils pâtissent aujourd’hui uniquement des conditions de circulation», note Valérie Pécresse.
Parmi les actions réalisées ces derniers mois, Jean Castex ne manque pas de souligner le recrutement de «300 conducteurs supplémentaires, dont 210 ont déjà été recrutés, formés et sont disponibles sur les lignes affectées». Dans le détail, 17 conducteurs supplémentaires sont arrivés en renfort sur la ligne 10 et 50 sur la ligne 9, qui seront «très sollicitées durant les Jeux olympiques». «Sur les bus, comme sur le métro, les pertes liées au manque de conducteurs ont très fortement diminué et les pertes externes représentent désormais la principale cause d’offre non réalisée», indique un document présenté lors de l’audition.
À lire aussi«Arrêtez de pousser !» : plongée dans l’enfer quotidien des pires lignes du métro parisien
Côté RER, trois lignes sont en difficulté, contre deux l’an dernier, à savoir la B, la C et la D, notamment à cause de travaux. «Sur le RER D, de grosses difficultés persistent à cause de la fiabilité du réseau», déplore Valérie Pécresse, qui appelle la SNCF à faire de cette ligne «la priorité de l’entreprise». La R reste la seule ligne «fragile» tandis que la J, la L et la P rejoignent les neuf lignes régulières qui «remplissent leurs objectifs». Pour Jean-Pierre Farandou, président du groupe SNCF, «il faut stopper le vieillissement des infrastructures, c’est notre point d’orgue en Île-de-France». Le représentant du groupe ferroviaire insiste par ailleurs sur les recrutements «records» en 2023 et 2024, avec «2300 collaborateurs» supplémentaires en Île-de-France, qui permettront «d’améliorer la situation».
À moins de 72 jours des Jeux olympiques, les deux opérateurs assurent être «dans la dernière ligne droite». Jean Castex prévoit ainsi l’ouverture au public du prolongement de la ligne 11 «début juin» tandis que celle de la ligne 14 est prévue «fin juin». L’offre de la ligne 9 sera, elle, renforcée de 50% en moyenne durant les jeux et «le réseau de bus verra des adaptations». Sept ateliers de maintenances provisoires seront installés «au plus proche des sites olympiques» et les équipes de sécurité et de propreté seront aussi renforcées durant cette période. «Tout le monde est à fond pour les JO», a de son côté affirmé Jean-Pierre Farandou.
«L’enjeu est maintenant de mettre le paquet sur la qualité de service», a lancé la présidente de la région à Jean Castex et Jean-Pierre Farandou. Pour Valérie Pécresse, quatre axes sont à améliorer, notamment la «propreté à bord des métros et des RER», le «contact voyageurs», «l’information en situation perturbée» et le «fonctionnement des escaliers mécaniques et des ascenseurs». L’élu pointe également la «recrudescence des tags sur les métros […] qui ne sont pas forcément les plus anciens» et appelle la RATP à la vigilance.
Durant l’audition, Valérie Pécresse a tenu à rappeler ses engagements, notamment le renouvellement de l’intégralité des métros d’ici 2035. «Et d’ici 2030, toutes les lignes de métro bénéficieront d’un système de signalisation automatique ou à moitié automatique», complète-t-elle, avant de conclure que la modernisation des rames et des systèmes de signalisation représente un montant de «dix milliards d’euros». En attendant, l’horloge tourne pour les opérateurs, qui n’ont plus que quelques semaines pour limiter les difficultés sur les axes structurants pendant les Jeux.