Une étape de plus a été franchie dans le cadre de la préparation de la programmation pluriannuelle de l’énergie, de la stratégie nationale bas-carbone et de nouveaux textes de lois énergie climat. Ce mardi, sept groupes de travail ont restitué leurs propositions à la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

Quatre grands axes se détachent : la sobriété et l’efficacité énergétique, avec un objectif de réduction de 30 % de consommation énergétique en France en 2030 par rapport à 2012. Viennent ensuite l’accélération de toutes les énergies renouvelables et du nucléaire et enfin, l’innovation «pour ne fermer aucune porte». L’objectif de production sur notre sol d’une «électricité bas-carbone, abondante et compétitive» implique de miser sur toutes les énergies, renouvelables et nucléaires et d’accélérer la sortie de la dépendance aux énergies fossiles. Ce dernier passe, par exemple par une accélération du rythme de dépose des chaudières à fioul dans le parc existant.

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Les groupes de travail préconisent aussi de maintenir le rythme de développement minimal de l’éolien terrestre à 1,5 GW par an pour atteindre 40 à 45 GW de capacités installées en 2035, contre 21 GW en 2022. Dès 2024, l’accent pourrait être mis le développement de l’éolien en mer, afin de disposer d’une capacité de production de 18 gigawatts en 2035 (contre 0,5 aujourd’hui), avec une étape à 8 GW en 2025, ce qui représenterait un doublement par rapport aux projets déjà engagés.

La production d’électricité solaire pourrait être multipliée par cinq entre 2022 et 2035 pour atteindre 75 GW. Cela devrait se traduire par une accélération du rythme de développement du solaire à au moins 5,5 GW par an, en visant 7 GW par an. Pour que cette accélération soit acceptable, une «répartition équilibrée» est recommandée, entre centrales solaires au sol (65 %), grandes toitures (25 %) et résidentiel (10 %). Une préférence pourrait être donnée aux «terrains délaissés et friches industrielles tout en exploitant le potentiel de l’agrivoltaïsme et du solaire sur terrains agricoles et forestiers».

Le développement des énergies bas-carbone concerne aussi les réseaux de chaleur (géothermie, solaire thermique, récupération de chaleur fatale).

Le nucléaire reste néanmoins au cœur du dispositif, avec une double cible. Tout d’abord, restaurer la disponibilité des réacteurs existants, et pour certains, poursuivre leur exploitation après 50 ou 60 ans, afin de viser une production de 400 térawattheures par an, contre un objectif de 300 à 350 TWh cette année. Ensuite, lancer la construction de six nouveaux réacteurs EPR pour «être en capacité, d’ici 2026, de prendre une décision sur la réalisation de 8 EPR2 supplémentaires». Enfin, l’engagement de la construction d’une tête de série SMR (petit réacteur modulaire) en France à l’horizon de 2030 est envisagé, ainsi que la construction d’au moins un prototype de réacteur nucléaire avancé de quatrième génération (AMR) à l’horizon 2030.

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Au total, une petite centaine de personnes ont planché sur le sujet, députés et sénateurs de tous bords politiques, élus locaux, représentants de fédérations professionnelles, de partenaires sociaux et de la société civile, notamment des associations environnementales. Avec ces travaux préparatoires, la ministre vise à «réduire le champ des désaccords» et à «porter une transition écologique et énergétique proche de la réalité et des citoyens».