Ce lundi, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie a assisté au Comité exécutif d’EDF, comme il l’avait lui même annoncé début mars. Le ministre s’agaçait alors d’une éventuelle envolée du coût de construction des six nouveaux réacteurs nucléaires EPR 2. «EDF doit apprendre à tenir ses coûts et son calendrier», déclarait-il. Ce lundi, le ton se voulait plus consensuel. « Nous avons engagé le plus grand projet industriel en Europe depuis plusieurs décennies avec la construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires. Nous voulons que ce nouveau grand projet soit un succès», a sobrement commenté Bruno Le Maire au sortir de la réunion.

C’était la première fois que le ministre prenait part à l’exercice, alors que l’État est l’unique actionnaire de l’électricien depuis sa nationalisation achevée en juin 2023. Pour le gouvernement EDF n’est pas une entreprise comme les autres, elle est surtout un outil de politique économique. Elle fait face à des défis et des projets structurants pour l’avenir économique du pays, avec le prolongement de la durée de vie du parc existant et la construction annoncée des EPR 2. Le ministre assistera probablement à d’autres réunions dans ce format pour partager avec l’ensemble des dirigeants d’EDF. «EDF doit mobiliser toutes les ressources humaines et techniques nécessaires pour réaliser ce projet industriel dans les coûts et les délais fixés. J’apporte tout mon soutien à la direction et aux salariés d’EDF dans la réalisation de ce programme. Je suivrai très régulièrement sa mise en œuvre projet avec Joël Barre, délégué interministériel au nouveau nucléaire. »

La réunion a été l’occasion d’un long échange entre les dirigeants d’EDF et le ministre sur la manière dont entreprise se transforme pour tenir les coûts et les délais de ce grand programme. Le groupe s’est doté d’une direction de la construction, qui existait pour le premier grand programme nucléaire français et qui avait disparu depuis. Le sujet de la maturité du design des réacteurs du futur a aussi été longuement abordé. Il en ressort qu’il n’est pas encore suffisamment mature pour que la construction puisse être engagée. L’expérience a montré que mettre la charrue avant les bœufs dans un chantier nucléaire ne fait pas gagner de temps. Les retards de l’EPR de Flamanville le prouvent.

Or, le design détaillé devrait aussi permettre de fixer le calendrier de réalisation du programme et donc son coût. Il faudra sans doute encore patienter au moins jusqu’à l’automne pour davantage de précisions sur ces sujets. Par ailleurs, la politique commerciale de l’entreprise et la mise en œuvre de la régulation post Arehn avec la commercialisation de contrats de longs termes par EDF ont aussi été évoquées. Pour l’heure, les grandes entreprises rechignent à s’engager, alors qu’elles jugent les prix de l’électricité post 2025 proposés par EDF trop élevés au regard des marchés actuels. « EDF s’est engagé à renégocier les contrats des TPE, PME, et ETI qui ont été signés au moment où les prix étaient au plus haut. C’est vital pour ces entreprises. EDF le met en œuvre », a ajouté le ministre. Luc Rémont, le PDG d’EDF avait annoncé ces renégociations à l’occasion de la publication des résultats annuels de son groupe, mi-février.