La facture de vos repas d’été sera particulièrement salée cette année. Les prix des produits phares de la saison, chips comme saucissons, pastis comme rosé, taboulé comme tapenade d’olives, brumisateur comme crème solaire, ont largement augmenté. Et s’il n’y a rien d’étonnant à cela après une année marquée par la hausse des prix, il n’en demeure pas moins que ces coûts continuent à peser lourdement sur le budget des ménages. Et plus encore, alors que les grandes vacances viennent tout juste de débuter. «C’est triste mais c’est cohérent», constatait vendredi Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution, qui souligne que les consommateurs «paient une année d’inflation» sur des produits dont les prix avaient déjà augmenté l’an passé et qui ont continué à augmenter cette année.
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Interrogé sur Franceinfo au sujet de l’existence ou non d’un effet d’aubaine de certains distributeurs qui tenteraient de vendre plus cher les produits de l’été parce que tout le monde les veut, il répond qu’il s’agit en effet «d’une perception qui revient chaque année à la même époque». Et s’il confirme qu’il peut «y avoir une forme d’opportunisme» de la part de la grande distribution, «comme partout dans l’économie», Olivier Dauvers note surtout deux particularités. La première est qu’il y a, selon lui, «moins de promotions durant l’été», alors que la seconde concerne les lieux d’approvisionnement des Français en vacances. «Les coûts d’exploitation d’un magasin sont plus élevés dans les zones touristiques ou dans le sud de la France, les prix y sont donc plus élevés», assure-t-il notamment.
«Les courses coûtent plus cher cette année, donc les courses de l’été ne vont pas déroger à la règle», commente également Emmanuel Fournet, le directeur analytique chez NiselenIQ, cabinet spécialisé dans le suivi de la consommation, qui publie depuis plusieurs mois un panier d’inflation avec France Bleu. «Il n’y a pas d’inflation atypique sur les produits de l’été (…) L’inflation concerne tous les produits, elle est de 15,1% au mois de juin 2023 par rapport au mois de juin 2022. Certains produits que l’on peut associer à l’été connaissent une inflation plus importante que la moyenne, d’autres plus basses. Il y a des réalités différentes», avance Emily Mayer, experte des produits de grande consommation pour Circana.
Selon ses chiffres datés de la dernière semaine du mois de juin, certains produits phares de l’été sont particulièrement touchés par l’inflation. Parmi eux, les chips (dont les prix ont augmenté de 24,8% en un an), notamment selon Emily Mayer en raison de la pénurie et de la hausse des prix de l’huile de tournesol, des pommes de terre ou encore de l’emballage. Mais aussi les ingrédients de la salade d’été tels que le maïs en conserve ( 23,3%) ou encore les fromages méditerranéens comme la feta et la mozza ( 20,9%). Les «essentiels du barbecue» ne sont pas épargnés non plus, comme le ketchup ( 19,7%) ou les saucisses chipolatas ( 18,5%).
D’autres produits estivaux connaissent une forte inflation, mais tout de même au-dessous de la moyenne. C’est le cas du thon en conserve ( 14,4%), du gaspacho ( 13,6%), des sodas et autres boissons gazeuses hors «Cola» ( 13,1%), des boissons types «Cola» ( 12,3%), des vins aromatisés type rosé pamplemousse ( 12,2%). Même chose pour les glaces individuelles ( 16,7%) et les glaces en vrac ( 13,1%). Et les produits alimentaires ne sont pas les seuls concernés, puisque l’insecticide et la crème solaire ont respectivement vu leur prix augmenter de 7,2% et 5,3% en un an.
«Les prix augmentent globalement, les produits phares ne sont pas épargnés et il n’y a aucune famille de produits qui va coûter moins cher aujourd’hui qu’il y a un an», tient à rappeler Emily Mayer. L’experte de la grande distribution souligne en effet qu’entre la hausse des prix des emballages, des transports et la hausse des salaires, «même le maquillage et les brosses à cheveux ont subi une forte inflation». Mais bonne nouvelle pour les aficionados du pastis : l’augmentation des prix des boissons anisées ne dépasse pas les 4%.