Petit par sa taille mais grand dans le cœur de ceux qui ont grandi en fréquentant ses allées, le Jardin d’Acclimatation – mythique parc de loisirs de l’ouest parisien situé au cœur du bois de Boulogne et inauguré en 1860 par Napoléon III – ne cesse de se moderniser pour attirer de nouveaux visiteurs. Entièrement rénové en 2018, il avait rouvert ses portes le 1er juin agrémenté de nouvelles attractions imaginées dans un univers «steampunk», tout droit sorti de la révolution industrielle du XIXe siècle. Une modernisation nécessaire pour cet ancien jardin scientifique dédié – comme son nom l’indique – à l’acclimatation d’espèces animales exotiques telles que les girafes, chameaux et kangourous, et transformé au cours des années 1950 en parc de loisirs, mais qui avaient fini par devenir «lassant» au fil des années selon les mots du président-directeur-général du jardin, Marc-Antoine Jamet.
Mais si depuis cette refonte globale, le Jardin d’Acclimatation a retrouvé une nouvelle jeunesse, il peine toujours à faire le plein avec 1,65 million de visiteurs en 2023, contre 1,735 million en 2019. Parmi eux, 74% de familles, et une clientèle composée à 32% de primo-visiteurs et 29% des visiteurs fidèles. Résultat, après plusieurs années compliquées en termes de fréquentation, marquées par la crise des Gilets jaunes puis celle du Covid-19, l’année 2023 a à nouveau été difficile, en raison d’un contexte inflationniste. «Je ne vous apprends rien en vous disant que lorsque l’on cherche à faire des économies, on réduit d’abord son budget loisirs. C’est pourquoi il est clair qu’on doit changer notre offre, être plus qualitatif que quantitatif (…) afin d’attirer une clientèle qui est plus volatile qu’avant», souligne le patron du parc, qui a noté «un changement global du comportement» des visiteurs qui dépensent moins ou reviennent moins vite. Pour ce faire, ce dernier peut compter sur le soutien indéfectible du groupe LVMH, auquel il appartient.
Puissant soutien financier, le groupe LVMH, propriétaire et principal actionnaire du Jardin d’Acclimatation et de la Fondation Louis Vuitton voisine, n’a ainsi pas hésité – quelques années seulement après avoir investi 70 millions d’euros dans la rénovation du site – à dépenser à nouveau 12 millions d’euros pour s’offrir une toute nouvelle attraction. Baptisée «le fils du dragon», puisqu’elle viendra remplacer «le dragon» qui fut en 1987 le tout premier roller-coaster fixe en France, elle a été commandée outre-Rhin, auprès du «pape» allemand de la construction d’attractions, Gerstlauer. Une «nouvelle attraction assez extraordinaire» attendue pour le premier trimestre 2025, se félicite Marc-Antoine Jamet, qui vise aussi une clientèle «moins enfantine», avec les parents ou les grands frères «qui ne trouvaient pas forcément leur compte» parmi l’offre proposée.
Et si les grands classiques du Jardin d’Acclimatation, la rivière enchantée, les chaises volantes ou encore la volière, n’ont pas bougé, la direction du parc souhaite mettre le paquet sur la réalité virtuelle qui a, depuis quelques années, pris une place importante au sein du Jardin d’Acclimatation. Cette saison, plusieurs «pôles numériques» ont ainsi été créés : le kinétorium, aventure interactive ouverte à partir de 8ans, la piste de luge glacée Snow Adventure, les stands de jeux interactifs Ball-O-Mania ainsi que, grande nouveauté 2024, l’aventure Jurassic Island. Le pitch ? Les dinosaures sont revenus sur Terre et ont envahi le parc, les jeunes aventuriers assis dans leur fauteuil mais munis de leur casque de réalité virtuelle vont devoir leur échapper. «On n’a pas la licence Spielberg, mais on est au cœur du classique du film», sourit le PDG du parc.
En parallèle, ce dernier souhaite que le Jardin d’Acclimatation continue d’accueillir de plus en plus de festivals à thème. Après le festival «Dragons et lanternes» cet hiver, plusieurs événements y seront organisés : du 6 avril au 12 mai d’abord, avec un grand cirque sous chapiteau où seront donnés deux spectacles par jour de «jumpline», de jonglage, clown et acrobaties, puis le dimanche 31 mars avec une immense chasse aux œufs signée Ferrero ou encore le dimanche 26 mai pour la grande fête indienne des couleurs «Happy Holi» et du 5 octobre au 11 novembre pour les vacances de la Toussaint, le festival «Dia de los muertos», grande fête populaire ancrée dans la culture mexicaine. Enfin, le Jardin d’Acclimatation participe au «Family festival» de la Fondation Louis Vuitton. Un rendez-vous «très qualitatif», pour «faire en sorte que l’art contemporain et les loisirs puissent se retrouver ensemble».
En outre, le PDG du Jardin d’Acclimatation entend «proposer davantage de services» un peu premium, notamment sur la partie gastronomie. Dès le 30 mars, un bar à cocktails ouvrira au sein du parc, «avec une offre élargie et un certain nombre de virgin cocktails». Un four à pizzas sera également accolé au restaurant italien Da Antonino, «avec un service à emporter» pour ceux qui préfèrent pique-niquer. À la rentrée 2024, une grande roue de 19 mètres de hauteur sera installée au cœur du parc. Et cerise sur le gâteau, Marc-Antoine Jamet s’est battu pour obtenir que la flamme olympique traverse le Jardin d’Acclimatation le 15 juillet prochain. «Nous allons essayer d’en faire une extraordinaire fête, alors que la flamme doit passer une quarantaine de minutes entre la Fondation Vuitton et le passage dans le parc», se réjouit-il.
Un programme ambitieux pour ce parc dont l’adage veut qu’il ne soit «jamais tout à fait le même, ni tout à fait un autre» selon les mots chers à Verlaine. Mais ces nouveautés suffiront-elles à le hisser à la troisième place du podium dans grands parcs d’attraction français, derrière Disneyland et le Parc Astérix? «On est toujours au coude à coude avec le Puy du Fou et le Futuroscope, mais, le Jardin d’Acclimatation, ouvert 7 jours sur 7, 24h sur 24, à des prix attractifs, a presque une vocation mécénale. Notre objectif est déjà d’être à l’équilibre et puis après…», assure le PDG, qui rappelle que l’entrée simple est à 7 euros, et l’entrée avec l’accès aux attractions en illimité à partir de 46 euros.