Microsoft a présenté lundi 20 mai les très attendus «PC à l’IA», des ordinateurs où des outils d’intelligence artificielle (IA) générative sont intégrés directement dans son système d’exploitation Windows, pour aider l’utilisateur dans toutes ses tâches. Le groupe américain estime que plus de 50 millions de «PC IA» seront vendus dans les 12 mois à venir, étant donné l’appétit des développeurs et du public pour ces assistants numériques qui anticipent leurs besoins.
Après son partenaire OpenAI et son rival Google la semaine dernière, Microsoft tient cette semaine sa conférence pour les développeurs, axée sur ses dernières innovations en matière d’IA. «Nous introduisons une toute nouvelle catégorie de PC Windows conçus pour libérer toute la puissance de l’IA au plus près des utilisateurs», a déclaré son PDG, Satya Nadella lors d’une conférence au siège de l’entreprise à Redmond (nord-ouest), devant un public de journalistes, analystes et influenceurs.
«Nous avons entièrement réimaginé le PC de l’intérieur», a souligné Yusuf Mehdi, vice-président du géant informatique. Les «Copilot Plus PC», du nom de l’interface d’IA de Windows – Copilot – sont «les PC sous Windows les plus rapides et les plus intelligents jamais fabriqués (…) Ces améliorations vont fournir la meilleure raison depuis longtemps de changer d’ordinateur.» Ils sont «58% plus rapides que les MacBook Air les plus avancés», a-t-il encore précisé, sous les applaudissements.
L’intégration de l’IA à la gamme Surface de Microsoft doit permettre de relancer ses ventes d’appareils personnels, qui ont fléchi l’an dernier (-9% sur un an). Les nouveaux outils, comme la traduction en direct, la génération d’images ou les questions à l’assistant Copilot, seront disponibles sans abonnement, sans ouvrir d’applications distinctes. L’outil Cocreator permet ainsi de créer des images en dessinant et en donnant des indications écrites («prompts»). «C’est gratuit, super rapide, complètement privé, et vous ne pouvez faire ça nulle part ailleurs», vante Yusuf Mehdi.
«La capacité à se souvenir de n’importe quoi grâce à une mémoire photographique… Pour moi, c’est un superpouvoir», a estimé Yusuf Mehdi lors d’une interview avec l’AFP. Grâce à la nouvelle fonction «Recall», un utilisateur peut en effet remonter dans le temps sur son PC, voir toutes les fenêtres qu’il a ouvertes, ou demander à Copilot de lui retrouver une présentation qui avait telle image dedans, par exemple.
Grâce aux «NPU», les puces spécialisées pour les tâches d’IA, les échanges avec les modèles ont lieu directement sur l’ordinateur, au lieu d’envoyer des données dans le cloud (serveur dans un centre de données) et d’attendre une réponse en retour. Des entreprises comme Lenovo, Dell, Acer et HP ont récemment sorti des PC avec des «NPU», et vont désormais intégrer Copilot Plus, espérant ainsi relancer l’intérêt du public pour les ordinateurs. «Nous avons enfin un outil à notre disposition pour donner aux utilisateurs ce qu’ils veulent», se réjouit Caleb Fleming, un responsable marketing chez HP, expliquant que la nouvelle puce permet, entre autres, d’optimiser l’usage de la batterie.
OpenAI, le créateur de ChatGPT, a lancé fin 2022 la révolution de l’IA générative, qui produit et «comprend» toutes sortes de contenus (textes, images, etc.), et permet donc d’interagir avec les machines comme jamais auparavant. Depuis, tous les géants de la tech sont engagés dans une course effrénée au déploiement de cette technologie. Apple, principal concurrent de Microsoft du côté des ordinateurs, est resté discret sur l’IA générative jusqu’à présent, mais il devrait présenter ses propres innovations en juin. Google et OpenAI ont mis le paquet la semaine dernière sur les assistants IA, toujours plus perfectionnés.
Grâce à son nouveau modèle GPT-4o, ChatGPT va pouvoir converser de façon très fluide, un peu comme un ami humain que l’on contacterait via un appel vidéo. Au point que de nombreux observateurs s’inquiètent de la tendance à brouiller la frontière entre les personnes et les machines. Copilot va tourner sur GPT-4o, et permettre des discussions en direct – pour recevoir des conseils pendant une partie de jeu vidéo, par exemple. Mais le résultat devrait nettement moins anthropomorphiser l’assistant, a indiqué Yusuf Mehdi. L’IA «ne devrait pas être humaine. Elle ne devrait pas respirer. Vous devriez savoir immédiatement que vous parlez à une IA», a-t-il insisté.