Plus de 18 mois après une contamination d’une de ses lignes de production à la bactérie E.coli, ayant mené à un grave scandale sanitaire et au décès de deux enfants, l’avenir de l’usine Buitoni de Caudry (Hauts-de-France) se précise. Ce lundi, la filiale française de Nestlé, le propriétaire du site (qui compte 125 salariés) et de la marque, est ainsi entrée en négociations exclusives avec l’italien Italpizza, pour la reprise de son usine nordiste spécialisée dans la fabrication de pizzas surgelées. Le 30 mars, le groupe avait annoncé son intention de cesser définitivement la production dans cette usine, puis en avril, celle de se désengager de ses activités de pizzas surgelées en Europe.
L’opération, «qui devrait être finalisée d’ici début 2024» selon une porte-parole du géant suisse, doit permettre de relancer l’activité de l’usine arrêtée depuis le 2 mars, faute de commandes. «Je m’étais engagé le 13 mars dernier à ce que l’on continue à faire de l’agroalimentaire sur le site de la Société des produits alimentaires de Caudry (SPAC, NDLR), et que Nestlé ait une obligation de résultat sur sa recherche de repreneur, a réagi lundi Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’Industrie. C’est désormais chose faite. En moins de huit mois, c’est assez notable. Le fait qu’il s’agisse d’un acteur établi, avec des marchés déjà existants et des perspectives rapides de reprise de l’activité, est une excellente chose.» Engagé sur le dossier pour éviter la fermeture pure et simple du site dont l’activité s’était écroulée à la suite de la contamination, le ministre se rendra à nouveau mardi à Caudry.
«Nous avons eu plusieurs marques d’intérêt solides pour le site. Italpizza a été retenu car c’est un acteur solide et pérenne, avec plus de 30 ans d’expérience sur le marché de la pizza surgelée, et 1000 recettes de pizzas italienne, a de son côté expliqué Nestlé. Cette acquisition pourrait répondre aux engagements pris par la direction de Nestlé en France, à l’égard des salariés de la SPAC et du territoire, de relancer une activité de production (…) avec des perspectives d’emploi et d’investissement sur le territoire.»
Présent commercialement dans 56 pays, Italpizza, qui compte six usines en Europe, mise sur ce potentiel nouveau site pour alimenter ses marchés du nord du Vieux Continent. Et ce dès le début de 2024, avec la remise en service de la première ligne de production à Caudry, via l’embauche de 40 salariés. Le groupe réalise 30% de son activité sur sa marque éponyme, le reste étant réalisé auprès des distributeurs pour leurs marques propres. «Le site devrait monter en puissance jusqu’en 2026/2027 et embaucher à terme 140 salariés», complète Roland Lescure. Soit un peu plus que les 125 employés en poste au moment de l’annonce par Nestlé, en mars, de son projet de cessation définitive de la production.
Italpizza s’engage à injecter 10 millions d’euros à Caudry, notamment pour moderniser la ligne numéro 2 à l’origine de la contamination bactérienne des pizzas de la gamme Fraîch’Up de Buitoni. Contrairement au précédent propriétaire, Italpizza n’y fera que des pizzas à pâtes cuites. « Il y a des salariés déjà formés à Caudry, qui pourraient retrouver des opportunités avec le repreneur», souligne-t-on en chœur du côté de l’exécutif comme du leader mondial de l’alimentaire.
En attendant la réalisation effective du rachat, Nestlé France continuera à payer les 113 employés de l’usine jusqu’au 31 décembre, ainsi que les 12 commerciaux et salariés des fonctions support. Le groupe précise avoir proposé 130 offres internes de reclassement industriel dans les Hauts-de-France, ainsi que des offres externes «adaptées» à l’ensemble des équipes de Caudry. 109 salariés sont actuellement accompagnés sur des projets de reconversion, de reclassement, de création d’entreprises, ou des dispositifs de préretraite, détaille Nestlé France.