C’est un chiffre impressionnant, représentatif du manque de main-d’œuvre dont pâtissent nombre de secteurs économiques. Interrogé sur Franceinfo ce samedi matin, le ministre délégué en charge de l’Industrie Roland Lescure est revenu sur les besoins de ces professionnels dans les prochaines années. Le constat est clair : «Aujourd’hui, on a besoin de tout, dans l’industrie», et des centaines de milliers de travailleurs étrangers risquent bien d’être nécessaires à l’avenir.
Dans l’industrie, «1,3 million d’emplois» devront être pourvus dans les dix ans à venir, a calculé le ministre délégué. Or, même en formant un maximum de jeunes pour ces postes restés vacants, il manquera «100.000» à «200.000» personnes, à trouver en Europe ou ailleurs, dans les dix prochaines années. «Je ne dis pas qu’il va falloir ouvrir grandes les vannes de l’immigration économique», mais «dans les dix ans qui viennent, il y a des talents particuliers qui vont manquer», a averti Roland Lescure.
Soudeurs, métalliers, chercheurs… Alors que de nombreux postes sont à pourvoir, «faisons feu de tout bois. Mettons le paquet sur la formation. Allons chercher les jeunes dans les banlieues […]. Mais soyons ouverts», quitte à aller chercher des travailleurs hors de France, a plaidé le membre du gouvernement.
Et de s’opposer à une vision manichéenne de l’immigration. «Ce n’est pas le grand remplacement, ce n’est pas le tsunami. C’est une vision un peu apaisée de ce sujet», face à une «bombe démographique», alors que l’immigration «est aussi ce qui a fait la France», selon le ministre délégué. «Cela fait des décennies que la France se construit aussi grâce à l’immigration. Le fantasme de l’immigration n’existe pas […]. En revanche, une immigration raisonnée, raisonnable, qui nous aide […], elle existe», a-t-il martelé.
Ces propos interviennent alors que le débat autour du projet de loi immigration bat son plein au Parlement, et que le secteur secondaire fait face à un manque de main-d’œuvre pour accompagner le développement d’usines sur le territoire. L’article 3 du projet de loi, qui prévoyait la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers dits « en tension », suscite notamment la polémique. Récemment, La Fabrique de l’industrie a tiré la sonnette sur ce dossier épineux, qui inquiète les professionnels comme les autorités.
Ce secteur est loin d’être le seul à devoir se tourner vers l’étranger pour trouver des travailleurs. En septembre dernier, une note de France stratégie, rattaché à Matignon, s’était penchée sur les besoins pour la rénovation énergétique des bâtiments en 2030. Là aussi, le constat était sans appel : si «635.000 postes seraient à pourvoir d’ici 2030 dans les métiers du bâtiment», les jeunes en formation ou débutants sont loin d’être suffisamment nombreux. «Il faudra donc faire appel, plus encore que par le passé, à la main-d’œuvre immigrée, aux chômeurs, aux reconversions et aux mobilités professionnelles», concluait le rapport.