L’objectif rêvé du plein-emploi s’éloigne, au grand dam d’Emmanuel Macron, qui voit les chiffres du chômage repartir à la hausse après deux années de baisse. «Nous n’y sommes pas», a ainsi grondé le président de la République devant des chefs d’entreprises réunis à l’Élysée le 21 novembre dernier. Avant de poursuivre en promettant que «nous allons redoubler de courage et d’énergie en matière de travail, d’emploi». Alors, après avoir revu le calcul et la durée d’indemnisation des chômeurs, respectivement en 2021 et 2023, le gouvernement compte désormais s’attaquer aux ruptures conventionnelles. Une information dévoilée par nos confrères de La Tribune Dimanche et confirmée par le cabinet de la chef du gouvernement. «La première ministre veut lancer une réflexion, indique Matignon. Comme le président, son objectif est d’atteindre le plein-emploi et pour y arriver, elle souhaite que l’on réfléchisse à de nouvelles pistes de réforme et qu’on interroge des dispositifs existants, par exemple les ruptures conventionnelles».
Un ballon d’essai parmi d’autres, lâché par l’exécutif qui tente de trouver la potion magique face une hausse du chômage qui pourrait se poursuivre. Déjà dimanche dernier, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave évoquaient la possibilité de diminuer les indemnités chômage aux séniors, aujourd’hui plus favorables, alors que le taux d’emploi des 50-64 ans en France est toujours inférieur de 15 points à celui des 25-49 ans. En parallèle, le gouvernement invitait les partenaires sociaux à se pencher sur l’emploi des séniors, le compte épargne-temps universel et l’usure professionnelle.
À lire aussiAu 1er septembre, l’État met fin à une aberration sur les ruptures conventionnelles
Née en 2008 d’un accord entre les syndicats patronaux et de salariés, la rupture conventionnelle consiste en un accord signé entre l’entreprise et le salarié. Elle permet à ce dernier de quitter son emploi tout en percevant des indemnités d’assurance chômage, contrairement à la démission. Un dispositif créé pour flexibiliser le travail, conformément aux attentes des entreprises. Et qui, depuis sa création, connaît un franc succès. Alors qu’en 2012, on dénombrait 284.234 ruptures conventionnelles, on en comptait 503.526 en 2022. Autant d’actifs encouragés à s’inscrire à Pôle emploi pour en toucher les indemnités.
Mais déjà en septembre dernier, l’État – constatant que le dispositif pousserait plus au chômage qu’à l’emploi -, serrait la vis en la matière, augmentant de 20% à 30% les prélèvements sociaux effectués sur les chèques de départ. Une tentative de freiner la hausse du recours à la rupture conventionnelle qui pourrait donc être suivi de nouvelles restrictions. Si aucune précision sur la question n’a été dévoilée, Matignon indique qu’«Élisabeth Borne a demandé au ministre du Travail et au ministre de l’Économie de réfléchir à des propositions», avant une réunion fixée «en décembre» avec les ministres «pour étudier différentes pistes». Un moment pas forcément opportun pour le locataire de la Rue de Grenelle qui comparaît ce lundi 27 novembre devant la justice pour soupçon de favoritisme alors qu’il était maire d’Annonay (Ardèche).