Bientôt licenciés temporairement ou contraints de travailler sans salaire, des fonctionnaires aux États-Unis ont reçu jeudi 28 septembre des notifications officielles sur la paralysie du budget de l’État fédéral, qui commencera dès dimanche si les élus du Congrès ne parviennent pas à s’entendre.
Les employés de l’administration fédérale et les militaires se préparent depuis plusieurs jours à ce «shutdown». Mais à l’approche de l’échéance, et alors que démocrates et républicains semblent dans l’impasse, il paraît de plus en plus inévitable. Les ministères et services publics se mettent en ordre de bataille, et informent leur personnel des conséquences à anticiper. «Les employés désignés et prénotifiés seraient temporairement mis au chômage technique, ce qui signifie qu’ils ne seraient pas autorisés à travailler ou à utiliser les ressources du ministère», a ainsi averti le ministère de la Santé, dans un courriel transmis jeudi à des employés et lu par l’AFP. Il leur faudra alors attendre la fin du «shutdown» pour toucher leur salaire, de manière rétroactive.
La plus longue période de paralysie budgétaire aux États-Unis avait duré 35 jours en décembre 2018 et janvier 2019. Les services considérés comme «essentiels» seraient maintenus. Seule solution pour éviter une coupure brutale dimanche 1er octobre à 00H00: un accord de dernière minute entre démocrates et républicains. Au Sénat, un compromis a pu être trouvé sur une proposition de budget à court terme qui offrirait quelques semaines supplémentaires pour s’entendre. Il est soutenu par la vaste majorité des élus. La situation est, en revanche, bloquée à la Chambre des représentants. Une poignée d’élus républicains trumpistes refusent d’apporter leur voix à tout texte qui comporterait une aide financière à l’Ukraine.
La Maison-Blanche n’a de cesse de dénoncer ces élus qui bloquent tout accord, à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle. Le responsable des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, s’en est pris au chef des républicains à la Chambre des représentants. «Une dizaine d’extrémistes (…) ont plus d’influence auprès de (Kevin) McCarthy que la majorité de son parti et que la vaste majorité de la Chambre des représentants qu’il préside», a-t-il dénoncé.
Avec une grande partie des fonctionnaires au chômage technique, les ministères fonctionneront au ralenti, jusqu’à ce qu’un même texte budgétaire ne soit adopté par les deux chambres du Congrès. Le ministère de la Santé verrait «une réduction des effectifs dans presque toutes les divisions pendant toute la durée de cette période», détaille le courrier électronique reçu par le personnel. «Bon nombre de nos programmes et activités les plus essentiels se poursuivraient mais avec un personnel réduit», est-il encore précisé.
Dans le cas d’une paralysie de quelques jours seulement, «nos militaires seraient obligés de continuer à travailler mais le feraient sans salaire, (…) et des milliers de leurs collègues civils seraient mis au chômage», a déclaré la porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh. «Un shutdown est la pire des situations», a-t-elle ajouté, «nous continuons donc à demander au Congrès de faire son travail et de financer le gouvernement.»
Une paralysie aurait des conséquences très importantes dans une multitude de domaines, de l’aide alimentaire qui pourrait être réduite aux parcs nationaux qui ne seraient plus entretenus. Les appels aux centres des impôts resteront sans réponse, a précisé le département au Trésor. Cela risque aussi de fortement perturber le trafic aérien, puisque contrôleurs aériens et fonctionnaires de l’agence de sécurité dans les transports (TSA) seront concernés. En matière de transports, un «shutdown» pourrait avoir des conséquences «perturbatrices et dangereuses», a averti mercredi le ministre américain des Transports, Pete Buttigieg.
La porte-parole du Fonds monétaire international (FMI), interrogée jeudi matin lors d’un point presse, a indiqué qu’elle voit cela «comme un risque évitable pour l’économie américaine». «Nous encourageons les parties à se réunir pour parvenir à un consensus sur les moyens de financer le gouvernement américain», a ajouté Julie Kozack.