La sonnette d’alarme avait déjà été tirée en septembre. En grande difficulté financière entre la forte inflation et le nombre croissant de bénéficiaires, les Restos du cœur, via leur président Patrick Douret, avaient lancé un vaste appel aux dons sur TF1. Pour combler les 35 millions d’euros qui lui manquaient et ainsi espérer passer l’hiver prochain. Car l’inquiétude était de mise : l’association créée par Coluche en 1985 pouvait mettre la clé sous la porte d’ici 3 ans. Alors que l’État s’est mobilisé à hauteur de 15 millions d’euros, de même que la famille Arnault, qui a versé 10 millions d’euros, l’équilibre budgétaire de l’association n’est toujours pas de nature à rassurer sa direction.

«À partir de novembre, nous allons refuser du monde pour la première fois de l’histoire des Restos du Cœur», a alerté le délégué général de l’association, Jean-Yves Troy ce mercredi devant la commission des finances de l’Assemblée nationale. Qui souligne le «côté massif et brutal» de la crise, plus importante que celle de 2008. «Nous allons baisser les dotations du nombre de personnes, nous réduisons aussi les critères d’accès à l’aide alimentaire», a-t-il prévenu.

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Pour le responsable, «les Restos du cœur ne sont pas dimensionnés aujourd’hui pour distribuer 170 millions de repas, et pour accueillir 1,3 million de personnes, 200.000 personnes de plus en un an qui sont allés taper à la porte des Restos.» D’autant que l’association n’est pas «taillée humainement, même si (elle a) 70.000 bénévoles réguliers qui sont à bout de souffle, car sur le terrain c’est de l’abattage et ce n’est pas le rôle des Restos.» Pour traverser l’hiver 2023-2024, Jean-Yves Troy mise encore beaucoup sur la générosité de la population notamment en décembre, lorsque l’association va entrer dans une période difficile.