C’est la nouvelle pomme de discorde sociale. Après les retraites, les salaires figurent désormais en tête des revendications des différents syndicats, qui organisent conjointement ce vendredi une journée de mobilisation nationale notamment «pour les salaires», avant une conférence sociale sur les bas salaires organisée sous l’égide de Matignon lundi prochain. L’inflation galopante depuis l’été 2021 a creusé l’écart entre les salaires et les prix à la consommation, qui ont explosé. Résultat, le pouvoir d’achat des Français s’est contracté. Une situation qui pourrait bien changer dans les prochains mois.

L’Insee anticipe pour fin 2023 des hausses de salaire dans les mêmes proportions que l’inflation. «Le salaire moyen par tête (primes incluses) en 2023 va augmenter comme les prix, soit autour de 5%», a déclaré le directeur général de l’Insee aux Échos ce vendredi. Pour rappel, la hausse générale des prix s’est fixée à 4,9% au mois de septembre et devrait atteindre 5% en moyenne sur l’ensemble de l’année 2023. «Quand il y a un choc inflationniste, les salaires suivent toujours avec retard la hausse des prix ; ils le font désormais», a expliqué Jean-Luc Tavernier, à la tête de l’Insee depuis 2012.

Cette hypothèse de l’Insee corrobore les estimations réalisées par le cabinet Mercer et l’observatoire annuel de la Performance Sociale et des Rémunérations de LHH, qui tablaient en juillet sur une augmentation des salaires comprise entre 4,7% et 4,95% cette année.

La hausse anticipée se révèle certes salutaire pour le budget des ménages, mais elle ne permet pas toutefois de rattraper les baisses de pouvoir d’achat accumulées en 2021 et 2022. L’année dernière, les salaires n’ont augmenté en moyenne que de 2,9% (3,9% dans le privé), tandis que l’inflation annuelle bondissait de 5,2%.

«Il y a fort à parier (pour la suite) que l’inflation ralentisse plus vite que les salaires, indique le directeur général de l’Insee. De ce fait, je ne suis pas étonné que les prévisionnistes tablent sur un différentiel en faveur des salaires l’année prochaine, avec une hausse de pouvoir d’achat à la clé.» Autrement dit, les salaires pourraient augmenter davantage que l’inflation en 2024, provoquant un rattrapage pour le portefeuille des Français.