Supprimée en 2014, la liaison ferroviaire de nuit entre Berlin et Paris a fait son grand retour. Le premier train de nuit reliant les capitales allemande et française depuis neuf ans est arrivé ce mardi matin à la Gare de l’Est, après être parti de la gare centrale de Berlin lundi soir à 20h18. Il est arrivé au son d’une musique victorieuse et sous l’œil des nombreux objectifs sur le quai de la Gare de l’Est. La vingtaine de minutes de retard n’a pas gâché la fête.
«Le train de nuit reliant Berlin à Paris est de retour et vient d’arriver à la Gare de l’Est ! Une belle avancée pour la transition écologique de la mobilité, autant qu’un plaisir retrouvé de se réveiller ailleurs en Europe», a écrit sur X (ex-Twitter) Laurence Boone, la secrétaire d’État chargée de l’Europe. «Le socle de l’Europe, ce sont des projets concrets, qui rapprochent les peuples et les jeunesses ! Et aujourd’hui, un magnifique projet écologique commun», s’est félicité de son côté le ministre des Transports Clément Beaune.
Clément Beaune a fait partie des passagers de ce train inaugural. Exploité par la compagnie nationale autrichienne ÖBB, fer de lance du développement du train de nuit en Europe, avec des trains Nightjet, le Berlin-Paris est géré en partenariat avec la SNCF et son alter ego allemand, la Deutsche Bahn. Il offre plusieurs options, de la couchette à la place assise en passant par la voiture-lit avec chambre privative pour une, deux ou trois personnes. «Cette nouvelle ligne Nightjet relie désormais Berlin et Vienne à Paris mais aussi Berlin et Vienne à Bruxelles grâce au partenariat avec la Société Nationale des Chemins de fer Belges (SNCB)», a rappelé la SNCF dans un communiqué. Et ÖBB ne compte pas s’arrêter en si bon chemin puisque la compagnie envisage pour fin 2024 une ligne Zurich-Barcelone passant par Lyon et Montpellier.
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Pour le moment, trois liaisons par semaine sont prévues entre les capitales française et allemande, avec départ les mardis, jeudis et samedis depuis Paris et les lundis, mercredis et vendredis depuis Berlin, en s’arrêtant à Strasbourg, Francfort, Erfurt et Halle. Le service doit devenir quotidien à partir d’octobre 2024.
Depuis 2020, face à l’engouement pour des modes de transport moins émetteurs en CO2 que l’avion ou la voiture, la France a fait le choix de relancer les trains de nuit. En 2016, il ne subsistait plus que deux lignes de ce genre en France : l’une allant de Paris vers les Pyrénées – Latour-de-Carol ou Portbou en passant par Toulouse – et Albi et l’autre de Paris à Briançon, dans les Alpes. L’objectif est d’en avoir dix d’ici 2030. Le collectif «Oui au train de nuit» appelle lui à en ouvrir 25 et à investir plus massivement, alors que la France n’a pas prévu d’acheter de trains neufs avant 2025.
Le gouvernement français a investi 100 millions d’euros pour la relance du train de nuit : 76 millions pour la rénovation de 93 vieilles voitures Corail remises au goût du jour et 24 millions pour les installations en gare nécessaires. Mais sans nouveaux trains, impossible d’ouvrir de nouvelles lignes. «La construction de trains neufs prend pourtant de cinq à huit ans. Pendant ce temps, l’Europe avance: l’Autriche commence à mettre en service plus de 200 voitures de nuit flambant neuves, qu’elle avait commandées dès… 2018», a souligné le collectif «Oui au train de nuit».