Emmanuel Macron en avait fait l’ambition prioritaire de son second quinquennat : en 2027, la France atteindra le plein-emploi, en passant sous la barre des 5% de chômage. Interrogé dans la matinale de France Inter ce lundi, le ministre de l’Économie et des finances Bruno Le Maire a pourtant enterré la promesse présidentielle. «À modèle social constant, on n’y arrivera pas», a-t-il assuré. À en croire l’auteur de La voie française, à paraître ce mercredi, ce sont les spécificités françaises qui freinent le plein-emploi en France.

Le taux de chômage a atteint 7,5 % de la population active au quatrième trimestre 2023 en France. Si ce chiffre est bien éloigné des taux de chômage à deux chiffres qu’a connu la France au cours de la décennie précédente, il ne satisfait pas Bruno Le Maire. «Pourquoi y a-t-il un écart de 2% entre le plein-emploi en France et ailleurs?», a interpellé le ministre de l’Économie. «Il y a un problème de formation, d’adéquation de l’offre et de la demande, et le sujet de l’assurance-chômage», a-t-il avancé en guise d’explication. Comme l’a rappelé le locataire de Bercy, le modèle français permet une durée d’indemnisation allant jusqu’à 18 mois, l’une des plus longues d’Europe. «C’est ce qui entretient un niveau de chômage à 7% comme niveau plus bas. Je crois au travail, je pense que ça structure une société, si on avait le plein-emploi je n’aurai même pas à m’occuper des finances publiques: nous aurions réglé le problème à 90%»

Bruno Le Maire a ainsi déclaré qu’il «partage totalement l’appréciation» du premier ministre quant à une éventuelle réforme de l’Assurance-chômage. «Je pense qu’il faut d’abord toucher la durée», a toutefois nuancé le ministre de l’Économie. Ce dernier n’a pas repris à son compte la piste avancée par Gabriel Attal d’une diminution conjointe du montant de l’allocation. «Je pense que ce serait une erreur», a-t-il commenté. Le patron de Bercy souhaite notamment réduire la durée de l’indemnité des demandeurs d’emploi des plus de 55 ans, particulièrement malmenés par le marché du travail. «Le taux de chômage des séniors en France est trop élevé, le taux d’emploi des plus de 55 ans y est un des plus faibles de tous pays développés, c’est un gâchis; réduire la durée des allocations n’est pas la seule solution, mais regardons-la», a-t-il plaidé, avant de dénoncer «l’hypocrisie du système actuel, qui met directement du chômage à la retraite». «On sait que plus une personne âgée reste longtemps au chômage, moins elle a de chance de retrouver un travail, c’est la raison pour laquelle il faut les accompagner, faire des propositions complètes», a conclu le Ministre.