Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), c’est désormais une certitude. Les pics de consommation de charbon, de pétrole et de gaz, trois combustibles fossiles particulièrement émetteurs de CO2, seront «visibles pendant la décennie en cours», une première dans les scénarios élaborés par l’AIE. Selon les prévisions de l’agence, la part des combustibles fossiles dans la production mondiale d’énergie, qui est restée pendant des décennies proche de 80%, tombera à 73% d’ici à 2030. Les émissions de CO2, de leur côté atteindront leur niveau maximal d’ici à 2025, affirme également l’AIE. «La transition vers l’énergie propre est en cours dans le monde entier et rien ne pourra la stopper. Ce n’est plus une question de “si” mais seulement de “dans quel délai” et le plus tôt sera le mieux pour nous tous», explique le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol.

La combinaison d’une montée en puissance des énergies renouvelables et de changements économiques structurels conduira à ce résultat. Les changements en cours de l’économie chinoise, dont la croissance du PIB, très forte pendant des décennies, ralentit, pourraient avoir un impact très fort sur les besoins énergétiques du pays et, étant donné la taille du pays, sur le reste du monde, pointe l’AIE. Mais ce sera insuffisant pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, soit une hausse de la température limitée à 1,5° C.

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La demande de combustible fossile reste bien trop élevée à ce stade, insiste l’agence qui est devenue la référence mondiale en matière d’énergie. Et l’AIE souligne, avec ce retard probable sur la limitation de la hausse des températures, un risque rarement évoqué. La sécurité du système énergétique mondial, qui a été conçu pour une température globalement plus fraîche, et avec moins d’événements de chaleur extrême, pourrait être sapée. Redoutant que la hausse de température atteigne malgré tout 2,4°C durant ce siècle, l’AIE propose un plan d’actions ambitieux basé sur «cinq piliers», notamment la montée en puissance des énergies renouvelables, qui pourrait être entérinée lors de la COP 28 qui se tiendra à Dubaï début décembre.