Vous pouvez (enfin) de nouveau espérer gagner de l’argent avec votre livret A. Pour la première fois depuis plus de trois ans, l’inflation est tombée en février sous le taux du placement préféré des Français. D’après la première estimation de l’Insee, publiée jeudi, la hausse des prix à la consommation a encore ralenti le mois dernier, à 2,9% sur un an, après 3,1 % en janvier. Dans le même temps, le taux d’intérêt annuel du livret A s’établit à 3%. Ce qui signifie que son rendement réel, sur un mois, est repassé en territoire positif ( 0,1%). Et donc qu’il est de nouveau rentable.
«Mais attention, c’est l’inflation en glissement annuel qui est désormais inférieure au taux du livret A. L’inflation annuelle, elle, est encore supérieure à 3%», précise Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne. Si l’on regarde annuellement, les courbes ne se sont pas encore croisées. Mais les épargnants peuvent voir l’avenir avec sérénité.
En effet, l’Insee prévoit que l’inflation continue de ralentir dans les prochains mois, jusqu’à s’établir à environ 2,5 % sur un an à partir du printemps. Avec un taux du livret A gelé à 3% jusqu’en janvier 2025, Philippe Crevel fait les calculs : «Pour un livret A garni de 6500 euros, soit l’encours moyen selon la Banque de France, le gain réel espéré en 2024, après prise en compte de l’inflation, serait de 32,50 euros.» Un montant qui paraît certes dérisoire, mais «avec le livret A, les gains n’ont jamais été extrêmement importants», souligne l’économiste.
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C’est malgré tout un petit événement pour les 55 millions de Français détenteurs d’un livret A. Car pour trouver trace de la dernière fois que son taux a été supérieur à l’inflation sur un an, il faut remonter à décembre 2020 (0,5% contre 0% d’inflation). «Par exemple, en 2023, le rendement réel du livret A a été négatif de 2%. Ce qui signifie, pour un encours de 6500 euros, une perte de 129 euros en valeur réelle», calcule Philippe Crevel.
«Depuis les années 2000, il y avait plutôt tendance à ce que le livret A soit supérieur à l’inflation, mais on avait rebasculé dans le négatif avec la vague inflationniste», rappelle le spécialiste de l’épargne. Dans les années 1980, la formule de calcul du taux du livret A n’existant pas encore et l’inflation culminant à des niveaux élevés, les rendements réels négatifs étaient monnaie courante. «En 1981, il avait atteint -5,4%», souligne Philippe Crevel.
Aujourd’hui, la formule de calcul du livret A, basée notamment sur l’indice des prix à la consommation (IPC) hors tabac, protège davantage les épargnants. Et encore, elle n’est pas forcément toujours suivie par le gouvernement. Par exemple, si le taux du livret A a été maintenu à 3% le 1er février dernier, «le résultat arithmétique (de la formule de calcul) conduirait à un taux du livret A à 3,9%», avait indiqué la Banque de France dans un communiqué en janvier. «Plus le taux du livret A est élevé et plus les prêts sont chers. Je ne veux pas mettre en péril la construction de dizaines de milliers de logements ou le développement de milliers de petites entreprises», avait soutenu le ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur TF1 en juillet 2023 pour défendre le gel jusqu’en 2025.