«Vous vous souvenez de Fortnite sur iOS ? Et si on remettait ça ?». C’est par cette simple phrase qu’Epic Games, l’éditeur du jeu de survie Fortnite, a annoncé sur son compte X (ex-twitter) faire son grand retour sur les appareils d’Apple «dans les prochains mois» sur le continent européen.
Le studio américain va en effet pouvoir distribuer son jeu à succès en Europe sans avoir à passer par l’AppStore, le magasin d’applications d’Apple. Il entend le faire directement sur sa propre plateforme, l’Epic Games Store, qui devrait être autorisé sur le système d’exploitation mobile iOS d’Apple.
Ce soudain revirement est dû à la loi européenne sur les marchés numériques (DMA), qui vise à réinstaurer plus de concurrence entre les grandes entreprises de la tech.
Le texte doit entrer en vigueur au mois de mars et pour s’y conformer, Apple a présenté mercredi une série de mesures visant à ouvrir son écosystème iPhone. Il autorise, entre autres, le téléchargement d’applications sur ses appareils sans avoir à passer par son AppStore.
Une petite victoire pour Epic Games, qui n’est plus présent depuis près de quatre ans dans le magasin d’applications d’Apple. En 2020, le studio avait volontairement cherché à contourner le système de commissions des magasins d’applications d’Apple mais aussi de Google, entraînant son bannissement des deux plateformes.
Pour chaque achat ou abonnement réalisé sur une application à partir de l’AppStore d’Apple ou du Play Store de Google, le développeur doit reverser une commission pouvant aller jusqu’à 30%. Une pratique jugée anticoncurrentielle et largement dénoncé par Epic Games, qui a intenté aux Etats-Unis un procès contre les deux entreprises.
Le 16 janvier, la Cour suprême américaine a mis fin à la bataille judiciaire opposant Epic Games et Apple, en refusant d’instruire la plainte déposée par les créateurs du jeu Fortnite. « La bataille judiciaire pour l’ouverture du système d’exploitation iOS est perdue aux États-Unis. Une triste conclusion pour tous les développeurs », avait alors déclaré Tim Sweeney, le PDG d’Epic Games.
En Europe, l’issue est différente grâce au Digital Market Act, auquel Apple doit se conformer sous peine d’une amende représentant 10% de son chiffre d’affaires mondial.
Apple a également annoncé mercredi abaisser le montant de ses commissions sur l’AppStore, qui seront désormais de 20% au lieu de 30%. Elles tomberont même à 17% pour les développeurs qui choisiront de pas utiliser le système de paiement intégré à l’AppStore.
Toutefois, l’entreprise n’a pas dit son dernier mot. Apple prévoit déjà une nouvelle commission, nommée «Core Technology Fee», qui s’appliquera notamment aux éditeurs qui distribueront leurs applications en dehors de l’AppStore – ce qui sera le cas d’Epic Games. Les applications dépassant le million de téléchargements par an sur son système d’exploitation mobile iOs devront payer 0,50 euro par an et par installation. Tim Sweeney, le patron d’Epic Games, a immédiatement dénoncé un «schéma illégal et anticompétitif».