La ministre des Relations avec le Parlement, Marie Lebec, n’a pas exclu mardi de «sanctuariser» des périodes sans grève dans les transports au nom de la «mission de service public» de la SNCF notamment, une demande de LR et des centristes du Sénat. «La question de la protection du droit de grève est essentielle mais je crois qu’on peut s’interroger sur le recours au droit de grève quand on a une mission de service public», a déclaré la ministre déléguée sur Sud-Radio, après des départs en vacances marqués, pour les zones A et C, par un week-end de grève des trains très suivie.

«Il y a des moments où on peut estimer qu’il faut sanctuariser ces périodes», a-t-elle ajouté, interrogée sur une proposition de loi LR, initiée au départ par les sénateurs centristes, et prévoyant notamment jusqu’à 60 jours «pendant lesquels il ne pourrait pas y avoir de préavis de grève», par exemple pendant les vacances scolaires ou lors de grands événements. Pour Marie Lebec, qui a reconnu ne pas encore avoir lu la proposition de loi des Républicains, «la réflexion sur le sujet peut être débattue à l’Assemblée». «Est-ce que les modalités doivent forcément passer par la loi? Est-ce que ça peut faire l’objet d’un accord ou autre avec les représentants syndicaux? Je crois que toutes les options sont ouvertes», a-t-elle dit.

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«Ce qu’il faut sanctuariser, c’est le droit de grève», a répliqué la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. «Je rappelle au gouvernement que le droit de grève est un droit fondamental des travailleurs, inscrit dans la Constitution et dans les normes fondamentales du droit international. Le dernier gouvernement qui a interdit le droit de grève, c’est Vichy», a-t-elle poursuivi. Alors que la liberté de circulation est invoquée pour sanctuariser des périodes sans grève, «pendant les manifestations de paysans où ils ont bloqué routes et autoroutes, on n’a pas entendu parler de remise en cause du droit de grève», a réagi le secrétaire général de l’Unsa-Ferroviaire, Didier Mathis, dénonçant un «deux poids deux mesures».

Une telle mesure, «c’est ouvrir la boîte de Pandore et une fois que c’est ouvert, on ne sait pas jusqu’où ça peut aller», a-t-il mis en garde. Pour Sud-Rail, «c’est une ligne rouge», a insisté le secrétaire fédéral Julien Troccaz. «À part mettre de l’huile sur le feu pendant la période, on ne voit pas trop à quoi ça va servir», a-t-il assuré.