Le gouvernement a tranché : il n’y aura pas de panier anti-inflation commun à l’ensemble des distributeurs, contrairement à ce qui avait été avancé par les différents ministres depuis décembre. Au Figaro, le ministère de l’Économie affirme privilégier une formule au cas par cas, ce qui permet selon eux de pouvoir toucher plus de produits, et sur une durée plus longue, de minimum trois mois. «En définitive, les consommateurs sont gagnants, garantit-on à Bercy. Ce panier ne constitue pas une finalité, mais un outil pour faire baisser la facture, et cela va être possible grâce à ce dispositif.»
Cela confirme les propos d’Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour. Dans le JDD, il a expliqué être parvenu à un accord avec le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. «Il a décidé de laisser à chacun la liberté de définir les opérations de son choix», expose le dirigeant dans les colonnes de l’hebdomadaire. Et de louer la «pleine autonomie d’action» que cela leur confère : «Le résultat en sera d’autant plus puissant.»
À partir de mi-mars, Carrefour proposera 200 produits en moyenne à deux euros, et à prix bloqués jusqu’à mi-juin. «C’est notre manière de nous mobiliser pour le pouvoir d’achat de nos clients», commente l’enseigne au Figaro. Cela concerne cent produits du quotidien (farine, biscuits, lessive, couches) et cent autres labellisés «sains» (yaourts, œufs, légumes frais, pain, lait, céréales), le tout avec un Nutri-Score A et B, dans les marques Carrefour et Simpl. La composition de ce panier «essentiel et nutrition» a été déterminée au cours de tables rondes avec les clients. Il sera commercialisé dans les linéaires de ses 5945 magasins français d’ici dix jours, indique Alexandre Bompard. Ce dernier précise que cela représente un investissement de «plusieurs dizaines de millions d’euros».
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Dans le même temps, Intermarché lance ce dimanche 5 mars, sa campagne avec 500 produits anti-inflation, dont 470 à ses marques et 30 aliments frais de rayons traditionnels – viande, poisson, fruit ou légumes. «C’est grâce à ses propres usines et à son travail de compression des marges, qu’Intermarché peut proposer à ses clients des produits à ses marques de distributeur à prix accessibles», écrivent-ils dans le communiqué.
Thierry Cotillard, président du Groupement Les Mousquetaires, souligne également que cette initiative «fait partie des dynamiques indispensables que tous les acteurs responsables se doivent d’accélérer, au service du pouvoir d’achat des consommateurs et de notre économie». Intermarché proposera aussi, chaque semaine, une sélection de trois produits frais traditionnels provenant de ses rayons boucherie, marée, fruits et légumes, à «prix défiant toute concurrence».
Par ailleurs, leur concurrent Système U avait annoncé début février, son panier de «150 produits à prix coûtant», pour une «durée indéterminée». De son côté, E. Leclerc mise sur un comparateur de prix. «On attaque l’inflation par tous les bouts en étalant les hausses mais aussi en prenant sur nos marges, article par article, pour continuer à être le moins cher. Et pour le prouver, au-delà d’un important programme de promos, il faut que vous puissiez comparer et être rassuré», justifie Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique sur son blog. L’enseigne compte publier régulièrement des comptes rendus de ces comparaisons, espérant ainsi «raviver la concurrence» et que chacun «s’aligne à la baisse».
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Cela fait écho à la déclaration de Christiane Lambert ce samedi sur France Info. La présidente de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitations agricoles) racontait avoir rencontré Bruno Le Maire à l’occasion du Salon de l’agriculture et que celui-ci lui avait confirmé que le panier anti-inflation «n’adviendra pas». À la place, le gouvernement demande «aux distributeurs de faire marge zéro sur certains produits», ajoutait-elle. Le ministère de l’Économie abonde auprès du Figaro : «Nous n’attendons pas des agriculteurs ou des PME qu’ils fassent des efforts, mais bien les grands groupes.»
En effet, l’inflation a encore subi un coup d’accélérateur en février, de 6,2% sur un an, après 6% en janvier. Une hausse imputable au bond des tarifs de l’alimentation de 14,5% sur un an, d’après l’Insee. En réponse, en début de semaine, le ministre de l’Économie a promis en début de semaine la mise en place prochaine d’un dispositif qui protège «tous les Français». Bruno Le Maire évoquait la volonté «d’offrir une porte de sortie à tous les consommateurs qui peinent à boucler les fins de mois», assurant au passage que «tout le monde est touché par l’inflation alimentaire». Il appelait alors distributeurs et industriels à «faire leur part du chemin». Et d’insister : «Tout ne peut pas être payé par l’État».