Le gouvernement a dépensé 13,8 milliards d’euros en mesures salariales depuis 2022 au bénéfice des agents publics, détaille-t-il dans un document présenté jeudi aux syndicats de fonctionnaires, guère convaincus à cinq jours d’un appel à la mobilisation pour les salaires. Les augmentations générales des salaires de base ( 3,5% en 2022 et 1,5% en 2023) ont coûté 9,2 milliards d’euros, selon un document présenté aux syndicats dans l’après-midi par le ministère de la Fonction publique.

Les relèvements successifs des plus bas salaires de la fonction publique, pour éviter qu’ils ne soient rattrapés par le Smic, indexé sur l’inflation et revalorisé plusieurs fois en 2022 et 2023, ont coûté 1,3 milliard d’euros. Le gouvernement ajoute avoir dépensé 2,3 milliards d’euros pour financer la prime exceptionnelle de 300 à 800 euros octroyée à l’automne 2023 aux agents les moins bien rémunérés. Enfin, un milliard d’euros ont été déboursés pour contribuer au financement des mutuelles des fonctionnaires (à hauteur de 15 euros par mois depuis 2022 dans la fonction publique d’Etat) et verser la Garantie individuelle du pouvoir d’achat (Gipa, une somme destinée à compenser l’inflation).

Pour 2024, «5 à 6 milliards d’euros» de dépenses supplémentaires sont prévues «par effet des mesures salariales» décidées ces dernières années par le gouvernement, a assuré jeudi le ministère de la Fonction publique lors d’un échange avec la presse. Ces sommes sont mises en avant un mois après que le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d’euros de coupes dans les dépenses de l’État en 2024.

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Début mars, le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave a porté l’objectif d’économies pour 2025 de 12 à 20 milliards d’euros. Dans ce contexte, le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini écarte à ce stade toute nouvelle augmentation générale en 2024 pour les fonctionnaires. Les syndicats se refusent eux à une «année blanche» en 2024 et appellent les 5,7 millions d’agents publics à se mobiliser mardi pour leur rémunération.

Après avoir lu une déclaration commune dans laquelle ils demandent un diagnostic «objectivé» de l’évolution des rémunérations dans la fonction publique, les syndicats ont quitté la réunion organisée jeudi par l’administration. Le document qui leur a été présenté par le gouvernement «ne saurait constituer une base pour un quelconque diagnostic sur les rémunérations dans la fonction publique compte tenu du choix hautement partial des éléments présentés», jugent la CGT, FO (qui n’a pas assisté à la réunion), la CFDT, l’Unsa, la FSU, Solidaires, la CFE-CGC et la FA-FP.

L’intersyndicale regrette le choix d’un indicateur en particulier, la rémunération moyenne des personnes en place (RMPP), qui a selon l’exécutif augmenté plus que l’inflation ces dernières années. «On n’a pas fait un choix entre les chiffres qui nous plaisent et les chiffres qui ne nous plaisent pas», s’est défendu le ministère après la réunion. «La RMPP, ça n’est rien d’autre que la valeur moyenne de la feuille de paie des vrais gens d’une année sur l’autre», a-t-il encore argumenté. Après le départ précipité des syndicats, «ce n’est pas de notre fait si le débat n’a pas eu lieu», ajoute le ministère.