Une inflation galopante. La facture du nouveau nucléaire français aurait bondi de 30% en 3 ans, selon le quotidien Les Échos. La première estimation donnée en 2021 pour la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires EPR2, estimait le coût de ce vaste chantier à 51,7 milliards d’euros. Depuis, le prix des matières premières s’est envolé sur fonds de guerre en Ukraine. La hausse des taux d’intérêt a aussi poussé EDF, en charge de la réalisation de ce programme, à revoir sa copie. Le financement de tels projets représente plus de la moitié de la facture globale. Contactés par Le Figaro, ni l’énergéticien, ni le ministère de l’Économie ne confirment ces informations.

Le ministre de l’économie a finalement répondu par voie de presse. «EDF doit apprendre à tenir ses coûts et son calendrier. Le président de la République a annoncé la réalisation de six nouveaux EPR, EDF doit relever ce défi dans les délais et dans les coûts impartis, a déclaré Bruno Le Maire, au Monde. Il s’agit de construire une série de réacteurs dont le premier exemplaire sera l’EPR de Penly (Seine-Maritime). Cela veut dire des économies d’échelle. Je participerai au prochain comité exécutif d’EDF, fin mars, avec un message simple: EDF doit tenir ses délais et ses coûts», résume le ministre.

EDF a expliqué à plusieurs reprises que le chiffrage définitif ne serait connu qu’en fin d’année. Une première réévaluation faisait état d’une facture de 62 milliards d’euros, selon nos informations. EDF précise être « actuellement dans une phase d’optimisation des coûts et du planning». Le groupe «a lancé un plan de compétitivité qui vise notamment à challenger le programme d’achats pour la construction des trois paires d’EPR2 et la signature des premiers marchés. Dans le cadre de ce suivi, elle estime nécessaire d’instaurer un temps de réflexion avec les acteurs de la filière». La construction de six réacteurs, deux à Penly (Seine-Maritime), deux à Gravelines (Nord) et deux au Bugey (Ain), a été actée par le président de la république, dès février 2022.

Le renchérissement du coût des EPR est quasiment devenu la norme. Ceux d’Hinkley Point en Grande-Bretagne devraient coûter 33 milliards d’euros de plus que prévu. Celui d’Olkiluoto en Finlande a démarré avec douze ans de retard et un surcoût de 8 milliards, quand celui de Flamanville en Normandie devrait entrer en production avec douze ans de retard et une facture en hausse de 10 milliards.

Pour les EPR2, EDF entend bien maîtriser cet aspect des choses. Cela passe par la volonté du groupe d’établir d’abord un design détaillé des réacteurs avant d’en commencer la construction. L’expérience a démontré que les changements effectués pendant le chantier avaient un coût exorbitant.