C’est une journée historique pour la Bourse de Paris. Le CAC 40 a passé en séance, ce jeudi 7 mars à 14h30, le seuil symbolique des 8000 points, un sommet jamais atteint auparavant. Ces dernières semaines, l’indice phare de la place parisienne a été stimulé par les excellents résultats dévoilés par les champions du CAC 40. Alors qu’ils avaient collectivement pulvérisé leurs profits en 2022, avec un résultat net cumulé de 144 milliards d’euros, cet indicateur a encore progressé l’an passé, à 147 milliards d’euros pour 38 groupes de cet indice phare. La bonne humeur des investisseurs est également alimentée par les promesses de l’intelligence artificielle et la perspective d’une baisse des taux directeurs des grandes banques centrales d’ici la fin de l’année. « C’est une excellente nouvelle pour les marchés d’actions, elle réduit le coût de la dette pour les entreprises. Elle tend aussi à déplacer des sommes investies en obligations vers les actions qui deviennent plus attractives », explique un analyste.

Ragaillardi par ces voyants au vert, le CAC 40 a ainsi cassé le plafond des 8000 points sur lequel il butait depuis plusieurs jours. Désormais, il affiche une hausse de 5,5 % depuis le début de l’année après avoir déjà grimpé de 16,5 % en 2023. Vendredi 23 février, le CAC 40 avait déjà atteint pour la première fois de son histoire 7966 points. Depuis, il oscillait autour de ce niveau.

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En dehors de quelques situations particulières, comme celle d’ArcelorMittal dont les résultats ont été freinés par le recul du prix des matières premières, la plupart des entreprises du CAC 40 ont réalisé des prouesses l’an dernier. Le 25 janvier, après la publication de ses comptes 2023, le titre LVMH s’est envolé de 12,8 % et sa capitalisation a fait un bond de 40 milliards d’euros en une seule séance, du jamais vu. Si le luxe reste le principal moteur du CAC 40, bon nombre d’industriels affichent également une forme éclatante. Ainsi, Air Liquide s’est adjugé 8 % le 20 février à l’occasion de la publication de ses résultats. Une envolée dont cette valeur de fond de portefeuille est peu coutumière. Le marché a été ébloui par les résultats et les perspectives dévoilées par le géant des gaz industriels et médicaux. Cette semaine, cette coqueluche des actionnaires individuels est devenue la huitième entreprise du CAC 40 à peser plus de 100 milliards d’euros de capitalisation boursière.

Les marchés ont toujours été friands de belles histoires et, depuis un an, ils sont également servis par les promesses de l’intelligence artificielle (IA). Les champions du CAC 40 bénéficient aussi de cette déferlante, qui a dopé toutes les grandes places boursières. Du commerce à la finance, en passant par la médecine et la plupart des industries, pratiquement tous les secteurs de l’économie sont concernés. Les financières, comme BNP Paribas, Société générale et l’assureur Axa, les opérateurs télécoms comme Orange qui disposent de montagnes de données, intéressent au plus haut point les gérants spécialisés. Air Liquide, encore lui, est leader dans la fourniture de gaz purs utilisés pour la production de puces.

Autre puissant moteur : les politiques de retour aux actionnaires. En 2023, les sociétés du CAC 40 ont versé 97 milliards d’euros à leurs actionnaires, sous forme de dividendes (67 milliards) et de rachats d’actions (30 milliards). Elles devraient se montrer encore plus généreuses en 2024. Parmi les ténors du CAC 40, LVMH, BNP Paribas, Sanofi ou encore Air Liquide ont tous annoncé un dividende en nette augmentation. Les programmes de rachats d’actions se multiplient également. À l’occasion de ses résultats, Axa a dévoilé un nouveau plan de 1,6 milliard d’euros, Michelin promet 1 milliard, Carrefour 700 millions et Stellantis, dont les profits ne cessent de surprendre, 3 milliards.

La Bourse a beau fluctuer au gré des bonnes et des mauvaises nouvelles, le versement de coupons réguliers accroît considérablement la valeur d’un portefeuille au fil des ans. Le CAC 40 GR, sa version calculée, dividendes réinvestis, navigue désormais à plus de 24000 points, trois fois plus.

Pour bon nombre de spécialistes, sauf évènement majeur et imprévisible, le CAC 40 ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin. En dépit de leur belle hausse, « les sociétés du CAC 40 restent peu chères. Les multiples de résultats (PER), d’environ 13, sont inférieurs à leur moyenne historique proche de 14 », notent ainsi les spécialistes de Goldman Sachs.