Le stand du géant laitier Lactalis, où avait déjà été déversé du fumier samedi, a été envahi mardi par des membres de la Confédération paysanne dénonçant des prix du lait trop bas. Quelques dizaines de manifestants et une vache bretonne pie noire portant sur son dos un drapeau aux couleurs du syndicat agricole, ont débarqué sur le stand vers 12H20, pour déployer des banderoles et le couvrir d’autocollants, dont «Les industriels font leur beurre sur notre dos».
Lactalis «offre 420 euros la tonne de lait quand le vrai coût de production, c’est 440 et que pour rémunérer les éleveurs, il faut 500 euros», a affirmé la porte-parole de la Confédération paysanne Laurence Marandola sur le stand. «Ça fait des mois, des années, que Lactalis fait des marges. C’est le premier groupe mondial laitier et ça ne ruisselle pas vers les éleveurs», a-t-elle dénoncé. Lactalis, prévenu d’une possible action, avait arrêté vers 11H30 les animations sur son stand vantant les marques du groupe (Président, Société, Lactel, Bridélice…). «On reçoit beaucoup de familles, d’enfants», a expliqué une porte-parole.
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Un rideau de vigiles a tenté de bloquer les manifestants, mais a vite été débordé. Une brève empoignade a eu lieu quand les agents ont essayé d’empêcher les manifestants d’accrocher une banderole «Pour des prix rémunérateurs». Les manifestants ont quitté le stand peu après 13H00, en disant qu’ils reviendraient «peut-être» et en laissant derrière eux des parois tapissées d’autocollants, vite décollés par des salariés du groupe. «On n’a pas changé le monde, mais on a essayé», a lancé un manifestant au moment du départ.
Lactalis, premier groupe agroalimentaire français, a été visé ces dernières semaines par plusieurs actions d’agriculteurs dénonçant son prix d’achat du lait. Une médiation est en cours entre l’entreprise et l’organisation défendant les intérêts de ses fournisseurs (Unell). Quelque 200 manifestants de la Confédération paysanne ont investi le siège du groupe à Laval mercredi dernier pendant plusieurs heures. Dans un communiqué, le groupe affirme que, «depuis le début du Salon de l’agriculture, Lactalis et ses différents interlocuteurs de la filière laitière entretiennent un dialogue continu sur les enjeux propres au secteur et s’inscrivent dans une réflexion intégrant aussi bien les paramètres de rémunération des producteurs que la nécessaire compétitivité du lait français à l’export».
Le groupe a diffusé sur X une photo d’un entretien entre son patron, Emmanuel Besnier et le président du syndicat majoritaire FNSEA Arnaud Rousseau. Les transformateurs laitiers – entreprises privées comme coopératives – arguent que 40% du lait français est écoulé à l’export, un marché très sensible au prix, compliquant l’équation pour mieux rémunérer les éleveurs.