Toutes les voix contestataires n’auront pas empêché Bruxelles et Wellington de se rapprocher. L’accord commercial avec la Nouvelle Zélande, adopté en novembre dernier par l’Union Européenne, prend effet ce mercredi 1er mai. Dorénavant, «les entreprises, les producteurs et les agriculteurs de l’UE peuvent désormais profiter d’une multitude de nouvelles opportunités d’exportation», se félicite l’UE dans un communiqué. Selon Bruxelles, cet accord de libre-échange devrait réduire grandement les taxes sur les entreprises européennes, accroître le commerce entre les deux entités, favoriser les exportations et investissements européens vers le pays des All Blacks.

Les promesses de cet accord «historique» sont nombreuses, à en croire le communiqué de l’Union Européenne. L’accord devrait «réduire de 140 millions d’euros les taxes imposées aux entreprises européennes», faire croître le commerce «jusqu’à 30% d’ici une décennie», augmenter les exportations de l’UE «jusqu’à 4,5 milliards d’euros par an» et les investissements européennes en Nouvelle-Zélande «jusqu’à 80%». L’accord comprend également «des engagements sans précédent en matière de développement durable, notamment le respect de l’Accord de Paris sur le climat et des droits fondamentaux du travail», précise le communiqué.

Pour l’heure, les échanges bilatéraux entre les deux parties du monde atteignaient quelque 9,1 milliards d’euros en 2022, selon la Commission. L’Union est le troisième partenaire commercial de la Nouvelle-Zélande. Alors que l’Europe importe principalement des produits agricoles de Wellington, comme des boissons, viandes, fruits et du vinaigre, elle y envoie des produits manufacturés, comme des machines, des produits chimiques ou du matériel de transport

Dans le détail, ce texte abat les droits de douane sur les exportations de l’UE et instaure le «traitement non discriminatoire des investisseurs de l’UE en Nouvelle-Zélande». Le communiqué ne précise pas si la réciproque est vraie. Pourtant, sept ans après l’entrée en vigueur, l’accord prévoit que 98,5% des droits de douane européens sur les importations néo-zélandaises seront supprimés. La liste complète des vins et spiritueux européens et 163 indications géographiques protégées sont également sanctuarisées. «Parallèlement, les produits agricoles sensibles de l’UE, tels que la viande bovine, la viande ovine et les produits laitiers, sont protégés par des contingents tarifaires soigneusement conçus», rassure l’UE. En clair, limiter les quantités importées en instaurant des droits de douane restrictifs.

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Début 2024, le texte avait également été la cible de vives critiques de la part des agriculteurs. Ils craignaient notamment de voir le marché européen submergé de lait et de viandes néo-zélandaises. À l’hiver dernier, le texte avait également suscité une levée de boucliers de la part de nombreuses organisations, offusquées des conséquences de cet accord de libre-échange sur l’environnement. Et ce, dans un contexte où les appels à relocaliser les activités et productions se multiplient.

Si l’Union affirme que les conséquences sur l’environnement seront limitées, l’économiste Maxime Combes se montre plus dubitatif. Pour lui, cet accord UE – Nouvelle-Zélande devrait avoir une incidence sur le changement climatique par «son impact sur le volume d’activité économique dans le secteur agricole, en particulier les secteurs de la viande et des produits laitiers» qui sont fortement générateurs de méthane et de protoxyde d’azote, deux des gaz à effet de serre les plus puissants, en Nouvelle-Zélande, ainsi que «les flux commerciaux supplémentaires prévus entre l’UE et la Nouvelle-Zélande qui entraîneront une augmentation des émissions de GES dues au transport de marchandises».