Quelques jours après la faillite de la Silicon Valley Bank, qui a secoué banques et marchés mondiaux, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz n’exclut pas, dans un entretien accordé à l’AFP, d’autres défaillances à venir. Une sortie qui prend encore plus de sens face aux difficultés rencontrées mercredi par Crédit Suisse, le deuxième établissement bancaire helvète. « Les banques sont plus saines que par le passé, notamment en 2008. Il y a eu des progrès, mais pas autant que nécessaire », assène l’économiste.
«Il y a toujours des rumeurs au sujet de telle ou telle banque qui serait vulnérable, mais sauf à connaître leur bilan comptable, leurs expositions et (leurs résultats) aux tests de résistance, c’est difficile de les vérifier», a-t-il ajouté. S’attardant principalement sur la faillite de SVB, Joseph Stiglitz estime que les nouvelles technologies sont mal prises en compte par le système bancaire et favorisent les ‘bank runs’, ces fameux mouvements de paniques bancaires qui peuvent pousser les clients – ménages comme entreprises – à retirer leurs argents. Soit ce qui a précipité la chute de la Silicon Valley Bank.
«On pensait jusqu’ici que les comptes bancaires étaient difficiles à déplacer. Mais quand tout le monde gère son compte bancaire par Internet, c’est beaucoup plus facile de retirer tout son argent et de le placer ailleurs», estime-t-il. Et d’ajouter : «la stabilité du système financier doit être repensée, en prenant en compte les nouvelles technologies».
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Les mesures des autorités américaines et les assurances des gouvernements européens sur la solidité du système bancaire à la suite de la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) ont pu stabiliser un peu les marchés mardi. Mais « les craintes quant à la solidité du secteur» persistent et «l’ombre de l’effondrement de la SVB plane toujours», souligne Susannah Streeter, analyste d’Hargreaves Lansdown.
Preuve en est, ce mercredi, les déclarations du premier actionnaire du Credit Suisse, la Saudi National Bank, ont mis en grande difficulté l’établissement helvète. Perçu comme le maillon faible du secteur bancaire en Suisse, Crédit Suisse a vu le cours de son action perdre jusqu’à 30% pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 francs suisses malgré les tentatives de son président, Axel Lehmann, de rassurer.
Lors d’une conférence, ce dernier a assuré que la banque n’a pas besoin d’aide gouvernementale. Ce n’est «pas un sujet», a-t-il déclaré, soulignant que la banque s’appuie sur de «solides ratios financiers», sans toutefois parvenir à rassurer les marchés. Or, l’inquiétude dépasse les frontières du pays alpin. La première ministre française Élisabeth Borne a ainsi demandé aux autorités suisses de régler les problèmes du Credit Suisse.