La CGT, qui accuse l’enseigne de puériculture Vertbaudet de recruter des intérimaires pour remplacer des grévistes, a demandé mardi à la justice de mettre fin à ces contrats, la direction assurant être dans la légalité et l’explique par un pic temporaire d’activité. Le tribunal judiciaire de Lille, devant lequel ont manifesté mardi une soixantaine de salariés, doit rendre sa décision le 4 mai.
Plusieurs dizaines de salariés de l’entrepôt logistique de Marquette-Lez-Lille, en grande majorité des femmes, sont en grève depuis le 20 mars pour réclamer une hausse des salaires. Mardi, 72 personnes sont entrées dans leur sixième semaine de grève, sur ce site comptant 327 salariés, selon Vertbaudet.
Après le recrutement d’intérimaires au début de la grève, la fédération CGT du commerce a engagé une procédure en référé pour «faire constater par le juge que Vertbaudet a recours à des intérimaires pour contourner le droit de grève» et «interdire immédiatement cette pratique», a expliqué l’avocat du syndicat, maître Damien Condamin. Appelée par la CGT, l’Inspection du travail a diligenté un contrôle le 22 mars. Dans un courrier électronique daté du 7 avril, «l’inspecteur écrit : j’ai constaté que 84 travailleurs intérimaires ont été recrutés pour remplacer 82 grévistes», a dénoncé à l’audience le second avocat du syndicat, maître Arthur Gandolfo. La direction de Vertbaudet a, elle, contesté toute embauche illégale.
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Son avocate a fait état devant le tribunal de «témoignages de l’ensemble des autres syndicats : CFE-CGC, FO et CFTC», attestant que la direction «n’a pas remplacé les salariés grévistes». Le recours aux intérimaires est «limité au remplacement de salariés non-grévistes (arrêt de travail pour maladie, accident du travail, congé parental)» et répond aussi «à un accroissement temporaire d’activité» lié à une opération promotionnelle de Vertbaudet, a ensuite détaillé la direction dans un communiqué.
Cette opération «s’est déroulée du 22 mars au 2 avril inclus», «d’où le recours aux intérimaires sur la période allant du 27 au 31 mars» incriminé par la CGT, a-t-elle précisé. Elle doit se répéter du 26 avril au 2 mai, après une autre opération promotionnelle, prévue du 31 mars au 9 avril. Le recours aux intérimaires est «toutefois bien inférieur aux objectifs initiaux» et «en recul de 136 personnes» par rapport à la même période de 2022, souligne Vertbaudet.