Les Jeux olympiques de Paris 2024 cet été seront-ils perturbés par des grèves ? Dans la fonction publique par exemple, la CGT va déposer début avril des préavis de grève pour la période couvrant les JO (26 juillet-11 août), a indiqué sa secrétaire générale, Sophie Binet, ce jeudi 7 mars sur Franceinfo.

SNCF, police, hôpital… Dans les secteurs qui seront particulièrement mis à contribution pendant les Jeux, plusieurs syndicats dénoncent l’absence de compensation financière ou d’aménagement des conditions de travail de salariés qui seront touchés par les JO, et menacent de mener une grève s’ils n’obtiennent pas satisfaction. Tour d’horizon des différents secteurs.

À la SNCF, des tables rondes sont organisées tous les mois entre la direction et les syndicats, et le rythme des discussions va s’accélérer petit à petit d’ici juin, assure la direction interrogée par l’AFP. « Mais, pour le moment, il n’y a pas d’avancées notables. La direction joue la montre », soufflait ce jeudi dans Le Parisien un responsable syndical.

L’entreprise ferroviaire propose aux salariés mobilisés pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques une prime de 50 euros par jour et 200 à 500 euros de prime supplémentaire en fonction de la période où ils posent leurs congés. Les syndicats sont sceptiques sur le chiffre de 1500 euros (le montant maximal de primes cumulées), qui sera difficilement atteignable selon eux ou réservé à une petite minorité.

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À la RATP, les négociations concernant les conducteurs de métro ne sont pas terminées. Dans les bus, les négociations sont bouclées et les primes divergent en fonction des métiers et des lignes : certains agents auront droit à 15 euros par jour travaillé pendant la compétition, d’autres à 25 euros et d’autres encore pourront toucher un bonus de 100 ou 200 euros supplémentaires, ce qui rend impossible un chiffrage exact.

La CGT, syndicat numéro un de la RATP, demande qu’au-delà des primes liées aux Jeux, les négociations salariales portent sur des mesures pérennes et pour cela, ils utilisent l’échéance olympique comme levier. C’est le sens de leur préavis de grève déposé de février à septembre.

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L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui a besoin d’environ 800 équivalents temps plein supplémentaires pendant les JO par rapport à un été classique, a promis d’octroyer, sous certaines conditions, des primes aux agents de quelque 80 services qui « renonceront » à une partie de leurs vacances. Mais les montants (de 800 euros brut par semaine pour les salariés en catégorie C, à 2500 euros bruts pour les médecins) et les « conditions restrictives » hérissent les syndicats, qui jugent ces primes « insuffisantes » et « discriminatoires ».

Réunis en intersyndicale, la CGT, FO, l’Unsa et la CFTC réclament notamment « 2000 euros pour tous dans tous les services » et le respect des « trois semaines minimum » de congés d’été. La situation semble bloquée. « La situation des hôpitaux est chaque été plus catastrophique » en raison des pénuries de personnel, relève Joran Jamelot (CGT), et les JO ne sont que « la goutte d’eau qui fait déborder le vase, déjà extrêmement plein ».

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La tour Eiffel inaccessible pendant les JO ? Pas impossible, selon les syndicats, après la grève le mois dernier qui a entraîné la fermeture de la Dame de fer pendant cinq jours. « On a suspendu la grève parce que la mairie a accepté une négociation », mais la reprise du mouvement social « dépendra de l’issue de la négociation. Tout est possible », assure Stéphane Dieu, délégué CGT. La tour Eiffel sera-t-elle bloquée ? « Si on n’arrive sur un constat de désaccord, c’est une option qui reste sur la table » même si « personne, ni nous ni la Ville ni la France, n’a intérêt à ça ».

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Dans l’aviation civile, le syndicat SNCTA (60 % des voix chez les contrôleurs) a adopté en septembre le principe d’une « trêve olympique » avec la direction générale de l’aviation civile, conditionnée par « une augmentation indemnitaire » et de nouvelles discussions salariales après les JO.

Une prime, jusqu’à 1900 euros, a été annoncée le 30 janvier par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour les policiers et gendarmes travaillant en Île-de-France. Mais côté police municipale, rien n’est fait. Stéphane Poupeau (SNSP) assure à l’AFP que « des actions vont être menées dans certaines grandes villes pendant le passage de la flamme, et ensuite pendant les JO si les choses n’évoluent pas d’ici là ».

À Paris, son homologue de FO, Malik Belhadj, attend encore les annonces : « Avec les retombées financières des JO, il y a la capacité de nous donner un petit quelque chose ». Sinon ? « Je ne vous parle pas des arrêts maladie… c’est ce qui pend au nez de la Ville. »