C’est une alerte qui a étonné plus d’un Parisien lundi soir. Vers 20h, un million de personnes ont reçu une notification sur leur smartphone, accompagnée d’un bruit strident, indiquant une «alerte extrêmement grave». Mais l’urgence n’en était pas une : il s’agissait en réalité d’une simple invitation à se rendre sur la nouvelle plateforme officielle du Pass des Jeux afin d’obtenir un QR code pour circuler librement dans Paris lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.
Derrière cette initiative se cache le dispositif FR-Alert, déployé depuis 2022. Mais comment fonctionne-t-il ? Quelles données personnelles sont recueillies ? Peut-on désactiver ces notifications ? Le Figaro fait le point.
Ce système d’alerte des populations «permet d’envoyer des notifications sur les téléphones portables des personnes présentes dans une zone confrontée à un danger», détaille le site du ministère de l’Intérieur. Plusieurs informations peuvent être partagées, notamment sur la nature du risque, l’autorité qui diffuse l’alerte, la localisation du danger ou encore l’attitude à adopter.
Si certains tests sont encore à l’œuvre dans certaines régions, FR-Alert est opérationnel dans l’Hexagone et en outre-mer depuis juin 2022. «La fin de l’alerte fera également l’objet de l’envoi d’une notification», précise la page dédiée du ministère.
Les notifications de ce système d’alerte concernent de multiples événements, à commencer par ceux naturels, comme les inondations, les tempêtes, les cyclones, les incendies, les tsunamis ou encore les éruptions volcaniques. Les incidents biologiques, chimiques, technologiques et industriels sont également concernés. À cela s’ajoutent les événements sanitaires comme les épidémies, les pandémies ou les incidents gastro-alimentaires. Les attaques terroristes et les entraves «graves» à la sécurité publique font aussi partie des alertes qui peuvent être envoyées sur les smartphones.
Les Jeux olympiques apparaissent donc comme un ovni dans cette liste, l’utilisation de cet outil pour l’événement sportif faisant polémique. Interrogé à ce sujet, le ministère de l’Intérieur a répondu qu’il s’agissait «d’un message d’information». «C’est une alerte envoyée dans les périmètres de sécurité et leurs abords pour informer largement de l’ouverture de la plateforme», se justifiait lundi le ministère. «Ce n’est pas un test. C’est une information», a poursuivi la Place Beauvau, ajoutant: «À événement exceptionnel, dispositif exceptionnel».
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FR-Alert combine deux technologies, à commencer par la diffusion cellulaire. Concrètement, il s’agit de la «diffusion d’une notification qui s’affiche sur l’écran du téléphone en quelques secondes et qui peut-être accompagné d’un son intrusif». Pour envoyer cette information rapidement, FR-Alert utilise les ondes radio diffusées via les antennes de télécommunication, qu’elle transmet sur un canal dédié. À cela s’ajoute la technologie des SMS géolocalisés qui, eux, «arriveront ultérieurement», précise le ministère.
Grâce à la technologie de diffusion cellulaire, les touristes étrangers peuvent, eux aussi, recevoir les notifications sur leurs téléphones portables, à condition de détenir un forfait mobile. «Les notifications peuvent être diffusées en plusieurs langues, notamment lorsqu’elles concernent des zones connues pour leur fréquentation touristique», souligne le ministère de l’Intérieur. En outre, l’utilisation de ces deux technologies permet de les combiner, selon les autorités : la diffusion cellulaire est plus immédiate et fonctionne sur la 4G, quand celle par SMS géolocalisés fonctionne sur la 2G, 3G et 4G, mais elle «peut prendre plus de temps».
Le ministère de l’Intérieur n’a pas accès aux numéros de téléphone mobiles ni à leur géolocalisation puisque cette technologie repose sur l’envoi de l’alerte via les antennes relais des opérateurs de téléphonie. Ce sont donc ces derniers qui «détiennent une localisation approximative des téléphones pour pouvoir faire parvenir les appels, les SMS et les flux de données» sur les téléphones. Le ministère rappelle toutefois que ces opérateurs sont en conformité avec le Règlement général sur la protection des données, «qui protège et encadre l’accès aux données personnelles et notamment celles de localisation».
Pour recevoir les alertes, aucune action n’est à réaliser, ni inscription, ni téléchargement d’application. Et «peu importe l’endroit dans lequel vous vous trouvez et le téléphone portable que vous utilisez», mentionne le site du ministère de l’Intérieur. Les notifications s’affichent même si le téléphone est verrouillé, mais elles n’apparaissent pas sur les téléphones éteints ou en «mode avion».
Quatre niveaux d’alerte peuvent être envoyés, à commencer par le 1, niveau maximal. Les utilisateurs ne peuvent pas désactiver l’outil pour ce niveau, tous les mobiles détectés par les antennes-relais d’une zone sélectionnées affichent ainsi le message. Les niveaux 2 (dans lequel était classée l’alerte du lundi 13 mai), 3 et 4 peuvent, eux, être désactivés par les utilisateurs. Pour les systèmes iOS utilisés par les iPhone, il suffit de se rendre dans les réglages et le menu «Notifications» et de désactiver les alertes. Sur Android, même principe, en se rendant dans les réglages, le menu «Sécurité et urgences» puis «Alertes de crise».
Dans l’Union européenne, la plupart des États membres ont choisi l’une des deux solutions de diffusion d’alerte par la téléphonie mobile. L’Espagne, l’Italie, le Danemark et la Grèce ont ainsi recours à la diffusion cellulaire, tandis que l’Irlande, la Pologne et la Suède utilisent les SMS géolocalisés. L’Allemagne et la Finlande disposent quant à eux d’applications mobiles que doivent télécharger leurs citoyens.