«La prestation d’Élise Lucet à la télévision s’est terminée par une tragédie» ou encore «Francis Cabrel risque la prison après qu’il a révélé son secret à la télé en direct» : de faux articles de presse aux titres outranciers et de fausses interviews de célébrités sont massivement diffusés aux internautes sur les réseaux sociaux en cette mi-mars, via des publications sponsorisées. Ces fake news visent à promouvoir des sites d’investissement en ligne et de cryptomonnaies.

Pour attirer les clics, ces faux articles inventent des déclarations ou des incidents autour de personnalités populaires comme Vincent Cassel, Francis Cabrel, Cyril Lignac, Élise Lucet ou encore Jamel Debbouze. Ce dernier apparaît ainsi menotté par la police australienne, au motif qu’une «erreur lui a coûté sa carrière». Il s’agit en réalité d’un montage réalisé à partir d’une photo d’agence de presse, montrant l’arrestation d’un manifestant à Sydney lors d’un rassemblement anti-confinement en 2021.

Mais en cliquant sur le lien de la publication, l’internaute se retrouve face un faux article du quotidien Le Monde, censé révéler une astuce d’enrichissement facile sur internet dévoilée par Jamel Debbouze lors d’un passage télévisé dans l’émission «Quotidien». Une ruse si efficace qu’elle lui vaudrait d’être aujourd’hui «attaqué en justice» par la Banque de France, toujours selon ce récit. Mais elle est inventée de A à Z, Jamel Debbouze n’ayant jamais tenu les propos qui lui sont prêtés dans cette prétendue retranscription de son passage dans l’émission en 2017.

Si ce phénomène commence à toucher le réseau social X, cette «industrie de l’arnaque financière» est active depuis un moment sur Facebook, ainsi que l’a relevé Alexandre Alaphilippe, directeur exécutif de l’ONG de lutte contre la désinformation EU DisinfoLab, interrogé par l’AFP. Ces campagnes – afin de «créer de la légitimité et essayer d’attirer du clic – ont mis en place des mécanismes de contrefaçon de marques ou de fausses déclarations de personnalités avec des titres très attrape-nigaud dans des publicités régulières sur la plateforme (de) Meta», a-t-il détaillé.

Ces contenus reprennent plusieurs codes de précédentes campagnes d’arnaque menée sur la plateforme, qu’il s’agisse de «Facebook Hustles», dévoilée dans une enquête du groupe de lutte contre la désinformation CheckFirst, ou d’un ensemble de 242.000 fausses pages Facebook diffusant des contenus pro-Kremlin comme des arnaques financières, révélé par l’ONG spécialisée dans les sujets numériques Reset.

«Les publicités frauduleuses utilisaient différentes tactiques pour gagner du trafic sur Facebook, telles que des redirections trompeuses, du typosquatting (l’utilisation de noms de domaines de sites reconnus du public, NDLR) et des pages d’accueil trompeuses. Toutes ces pratiques sont interdites dans la politique de Meta en matière de spam», résume le rapport de Reset.

Ces publicités sponsorisées amènent en outre l’annonceur à rémunérer Meta et X afin de les rendre plus visibles et ciblées. Contacté par l’AFP, le groupe Meta se limite à indiquer que ses «équipes restent déterminées à poursuivre leur travail pour supprimer les contenus et les comptes» qui enfreignent ses règles. Les pratiques trompeuses en vigueur sur la plateforme peuvent pourtant avoir des conséquences importantes, pour Alexandre Alaphilippe : «Les utilisateurs de Facebook ne sont pas en sécurité sur la plateforme parce qu’ils peuvent se faire avoir et donner de l’argent à des cybercriminels.»

Sur X, nombre d’utilisateurs déplorent l’omniprésence de ces contenus trompeurs promus dans leur fil d’actualité, certains dénonçant même une forme de «harcèlement».

Face à l’ampleur des publications trompeuses la concernant, Élise Lucet, présentatrice de Cash Investigation, a dénoncé une «arnaque» et appelé ses abonnés à se méfier de ces promotions pour des «sites de cryptomonnaie». Le groupe Le Monde a quant à lui indiqué à l’AFP son intention de déposer plainte contre X pour «usurpation d’identité numérique et contrefaçon de marque».