Quel regard portent les Français sur l’intelligence artificielle (IA), qui menace de bouleverser tant les sphères professionnelle que privée dans les prochaines années ? Alors que les États tentent de s’organiser pour en contrôler les dérives, une partie des citoyens se montrent alarmistes, à en croire un sondage Ifop pour le site de formation LearnThings. Réalisée entre fin décembre et début janvier, cette étude, publiée ce jeudi, montre que 35% des Français s’attendent à ce que l’IA finisse un jour par gouverner l’humanité.

À l’inverse, 65% considèrent que les machines ou intelligences artificielles, «même très perfectionnées», resteront toujours sous contrôle. Si les femmes (36%) partagent davantage ce constat que les hommes (33%), l’écart s’élargit selon les générations. Quand 26% des 18-29 ans sont de cette opinion, ce taux monte à 37% chez les 30-39 ans et à 42% chez les 50-59 ans. Autre donnée non négligeable : 64% des Français pensent que l’IA sera un jour capable d’agir comme les humains. Un seuil qui a doublé depuis cinquante ans. En 1972, cet indicateur n’était qu’à 32%, selon une étude Sofres pour le Cevipof.

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Une grande majorité des sondés a beau anticiper cette possibilité, ceux-ci la redoutent tout autant, voire davantage. Ainsi, 87% des Français ne souhaitent pas que ces nouvelles technologies se comportent comme des humains. Sur les 13% restants en faveur d’une IA toute-puissante, un écart se dessine entre les hommes (18%) et les femmes (8%). De même entre les catégories aisées (13%) et les plus pauvres (29%). Malgré ces dissensions, un petit consensus apparaît : l’IA inquiète 51% des Français, en laisse indifférent 35%, et enthousiasme 14%. Précision : le taux d’appréhension grandit selon les tranches d’âge. N’étant que de 31% chez les 18-29 ans, il atteint 59% chez les 60 ans et plus.

Quant aux conséquences de l’IA sur le travail, seuls 13% des sondés pensent exercer aujourd’hui un métier d’avenir. Une baisse de 24 points en 50 ans. Ils sont 65% à voir leur métier comme une profession stable, 22% à le voir comme une filière en déclin. Signe d’un décalage générationnel, le taux monte à 29% pour les personnes âgées entre 50 et 59 ans. Pour autant, l’IA n’a pas encore envahi les espaces de travail : 78% des salariés ne s’en sont jamais servis dans leur vie professionnelle. Une large majorité de salariés estiment que l’intelligence artificielle ne sera jamais capable de réaliser leurs tâches ; ceux qui sont d’un avis contraire le prévoient en moyenne dès 2035.