Alors même qu’il est encore bien complexe d’évaluer les conséquences sur l’économie européenne de l’attaque d’Israël par le Hamas et de ses répliques, l’Insee dévoilait ce jeudi ses prévisions économiques pour la fin de l’année. Les statisticiens misent toujours sur un ralentissement concomitant de la croissance et de l’inflation. Du côté du produit intérieur brut (PIB), l’institut maintient sa vision d’une lente progression de l’activité au troisième trimestre, à 0,1 %, avant 0,2 % au quatrième. Pour l’ensemble de l’année, la croissance atteindrait alors 0,9 %, un niveau proche de la prévision gouvernementale (1 %).
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Ce ralentissement pèsera sur le marché de l’emploi. L’Insee a ainsi revu à la baisse, suite aux mauvais chiffres du climat de l’emploi, ses prévisions de créations de postes. Il en prévoit désormais 133 000, essentiellement au premier semestre, contre 354 000 en 2022. Par conséquent, le chômage se redresserait légèrement. Au second semestre, il atteindrait 7,3 % de la population active, contre 7,1 % au début de l’année. « Nous verrons en décembre si nous pouvons parler de retournement de l’emploi, a précisé Julien Pouget, le patron de la conjoncture pour l’Insee. Pour l’instant, nous constatons simplement un net ralentissement. »
Sous la pression des hausses de taux d’intérêt, l’inflation devrait décroître aussi peu à peu, du moins sous l’hypothèse – fragile – d’une stabilité des prix du pétrole. En décembre, les hausses de prix s’élèveraient à 4,4 % sur un an et à 5 % en moyenne annuelle. Cette pression sur les prix ne suffit pas à faire trébucher le pouvoir d’achat des ménages, qui progresserait en 2023 de 1,2 %, en raison de la dynamique des salaires, mais aussi des prestations sociales, en grande partie indexées sur l’inflation.
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Inquiets malgré cette situation somme toute confortable, les Français rognent sur leur consommation, qui afficherait une baisse de 0,2 % en moyenne en 2023. « Les trois quarts des ménages ont modifié leurs habitudes en matière de consommation en raison de l’inflation », a précisé Olivier Simon, chargé de la synthèse conjoncturelle.
Ces prévisions restent comme toujours soumises à de nombreux aléas : arbitrages des ménages, négociations commerciales entre producteurs et distributeurs, effets des resserrements monétaires… Autant d’aléas démultipliés en cette période d’intenses tensions géopolitiques, le conflit entre Israël et le Hamas pouvant notamment provoquer dans les prochaines semaines des chocs sur les marchés de l’énergie. « À ce stade, les cours du pétrole ont augmenté de 5 %. Nous ne sommes pour l’instant pas dans une situation analogue à la guerre du Kippour, même s’il s’agit bien sûr d’un sujet d’intense vigilance pour les économies », a avancé Julien Pouget.
Côté industrie, la guerre, qui renforce dramatiquement le mouvement de fond de fragmentation du monde, pourrait se traduire par un renforcement des tensions sur l’offre.