Trou d’air pour Boeing. Les incidents sur des appareils s’enchaînent depuis plusieurs jours pour l’avionneur américain, grand rival d’Airbus. Le dernier en date est aussi l’un des plus graves : lundi soir, une cinquantaine de passagers d’un Boeing 787 Dreamliner, faisant route entre Sydney et Auckland et opéré par la compagnie chilienne Latam, ont été blessés après que leur appareil a rapidement perdu de l’altitude au-dessus de la mer de Tasmanie.
Tous les passagers dont la ceinture de sécurité n’était pas bouclée ont été brutalement propulsés au plafond. Quatre personnes étaient toujours hospitalisées mardi matin, et une enquête a été ouverte par les autorités néo-zélandaises, qui vont recevoir le soutien du Chili.
La semaine dernière, déjà, dans un laps de temps de 48 heures, deux incidents avaient touché des appareils de Boeing. D’abord jeudi 7 mars, avec un Boeing 777 de la compagnie United Airlines contraint à un atterrissage d’urgence à Los Angeles (Californie) après avoir perdu le pneu d’une de ses roues au moment de son décollage depuis San Francisco, sans faire de blessés. Le lendemain, c’est un Boeing 737 MAX, toujours de la compagnie américaine United Airlines, qui avait vu son train d’atterrissage se briser peu après s’être posé sur le tarmac de l’aéroport de Houston (Texas), ce qui lui avait valu de finir sa course en dehors de la piste. Personne n’avait été blessé dans l’incident.
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On a également appris la semaine dernière qu’un Boeing 737-800 s’était posé le 1er mars à l’aéroport de Portland (Oregon) avec la porte de sa soute accueillant les animaux légèrement ouverte. Par chance, tous les animaux domestiques qui s’y trouvaient ont survécu. On peut également citer, parmi les déboires récents, le demi-tour et l’atterrissage d’urgence d’un Boeing 737-900 à l’aéroport de Houston, après que son réacteur a pris feu, là encore sans faire de victime. Un autre appareil a connu la même mésaventure à Portland après que des passagers se sont plaints d’une odeur de fumée à l’intérieur de la cabine.
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La médiatisation de tels incidents sur les réseaux sociaux et dans les médias entretient la psychose chez les voyageurs, (ré)apparue après le grave incident début janvier dont un appareil 737 MAX 9 a été victime. En plein vol, une porte de l’avion, exploité par Alaska Airlines, s’est détachée à 16.000 pieds au-dessus de Portland. Par miracle, l’avion a pu faire demi-tour et atterrir en urgence, sans qu’aucun blessé grave ne soit à déplorer.
Toutefois, cet incident n’a pas été sans conséquences pour l’avionneur. Plusieurs passagers ont déposé des plaintes contre Boeing dès le mois de janvier. Trois passagers présents dans l’avion ce jour-là réclament même pas moins de un milliard de dollars (soit un peu plus de 920 millions d’euros) de dommages et intérêts, selon une information révélée par le quotidien britannique The Independent la semaine dernière.
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À la suite de cet incident, l’agence américaine de régulation de l’aviation civile (FAA) a cloué au sol 171 des appareils 737 MAX 9 en circulation, le temps de mener des inspections d’urgence. Le régulateur a également lancé un audit sur le processus de production du 737 MAX, qui s’avère catastrophique pour le constructeur aéronautique. Révélés par le New York Times ce mardi, ses résultats montrent que la production de l’appareil a échoué à 33 des 89 tests menés, selon le journal américain, avec un total de 97 cas de non-conformité présumée. Au début du mois, la FAA a donné 90 jours à Boeing pour présenter un plan visant à résoudre des problèmes de contrôle de la qualité, l’administration fédérale de l’aviation exhortant l’entreprise à «s’engager à apporter des améliorations réelles et profondes».
Boeing semble donc être entré dans une nouvelle zone de turbulences, après avoir déjà connu une grave crise liée à son «avion maudit», le 737 MAX, dont deux appareils ont été victimes de crashs entre fin 2018 et début 2019. Le premier accident, en octobre 2018, d’un avion de la compagnie Lion Air au large de l’Indonésie, avait fait 189 morts. Le second, en mars 2019, avait causé la mort des 157 passagers et membres d’équipage de l’appareil d’Ethiopian Airlines, qui s’était écrasé dans un champ au sud-est d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Dans les deux cas, un problème lié un nouveau logiciel était à l’origine des crashs.
Comme si la période n’était pas assez sombre pour Boeing, un ancien salarié de l’avionneur devenu lanceur d’alerte, mettant régulièrement en cause les normes de production et de sécurité de l’entreprise, a été retrouvé mort aux États-Unis samedi. Il serait décédé des suites d’une blessure apparemment «auto-infligée», selon le bureau du coroner de Caroline du Sud. Autrement dit, il s’agirait d’un suicide. La police a lancé une enquête sur son décès.