«Je voulais permettre aux talents de tous horizons, notamment les artistes et les sportifs urbains, de s’exprimer, de valoriser leurs savoir-faire et de montrer qu’un modèle plus vertueux peut exister», explique au Figaro Booba. Le rappeur français dévoile les contours de Starting Blok, l’agence de talents qu’il vient de fonder quelques mois seulement après sa vaste campagne contre les dérives du système des influenceurs. Le projet a été imaginé dès le mois de mai aux côtés des deux cofondatrices de l’agence et professionnelles du métier, Anne Cibron, manager d’artistes, et Claire Dabrowski, spécialiste du brand content (ces contenus dans lesquelles les marques sont intégrées à la narration).

«Nous ne nous intéresserons pas dans cette agence à des profils qui ont pour activité principale la création de contenus sur Internet», explique Claire Dabrowski, qui a accompagné par le passé l’humoriste Jamel Debbouze ou les créateurs de contenus Squeezie et Cyprien lorsqu’elle était directrice du développement de Talent Web chez Webedia. L’agence veut mettre en avant «des gens qui ont un métier au quotidien, comme des artistes tatoueurs, des graffeurs, des comédiens, des sportifs, des gens qui ont quelque chose à dire et qui utilisent leurs réseaux sociaux pour mettre en avant ce qu’ils vendent et pour partager leur passion», abonde-t-elle.

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Le capital de Starting Blok est partagé entre ses trois co-fondateurs. Ces derniers, qui emploient quatre personnes aujourd’hui, espèrent atteindre l’équilibre financier d’ici six mois à un an.

L’agence se positionne en particulier sur le créneau de la culture urbaine, encore peu exploité par les marques pour séduire les jeunes générations. «Nous accompagnons des talents qui souhaitent avoir une influence responsable et éthique, qui inspirent et mobilisent leurs communautés», affirme Booba.

L’acteur Vincent Scalera, qui fait ses premiers pas dans le stand up, Dany Dann, un champion international de breakdance qui concourra aux Jeux Olympiques de Paris 2024 , où la discipline fera ses grands débuts, Berthet One, auteur de bande dessinée, ou encore l’artiste tatoueuse Poly, comptent parmi les premiers talents signés en contrat d’exclusivité par Starting Blok. En guise de modèle de rémunération, l’agence touchera une commission sur les activités des profils qu’elle accompagne sur la création de visibilité.

À l’image de nombreuses agences de créateurs de contenus aujourd’hui, Starting Blok exige que ses nouvelles recrues passent le certificat de l’influence Responsable mise en place par l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP). «Il n’y aura pas de placements de produits», tient à préciser Claire Dabrowski. «L’idée est d’accompagner ces passionnés, qui ont parfois des difficultés à se financer, dans leurs associations créatives avec des marques pour raconter une histoire, abonde-t-elle. Et pourquoi pas de réfléchir à la création de contenus comme des émissions de télévision ou des séries.»

C’est peu de dire que le rappeur Booba a bousculé l’univers de l’influence. Ses démêlées avec l’une de ses figures de proue, Magali Berdah, la fondatrice de l’agence Shauna Events, continuent aujourd’hui d’agiter les réseaux sociaux pendant que la justice entend faire son œuvre sur la suite à donner aux invectives du premier, parti en chasse contre les «influvoleurs», et à celles de la seconde, qui dénonce un violent cyberharcèlement et accuse le rappeur d’avoir sali son image. Entre-temps, le ministère de l’Economie a sifflé l’arrêt des abus du milieu de l’influence, et la première loi encadrant le secteur a été votée en juin dernier. Résultat, les tarifs pour les placements de produits se sont effondrés pour les starlettes issues de la télé réalité.