Plus de fruits et légumes dans nos assiettes ? C’est en tout cas le souhait de 64% des Européens qui envisagent de se tourner «vers un régime alimentaire de plus en plus végétal, avec plus de fruits, de légumes et de céréales», relève une étude Bona Fidé pour Interfel. «Cette demande est surtout portée par les jeunes et les femmes, respectivement à 72 et 70%», détaille Samuel Jequier, président de l’Institut Bona Fidé. En France, cette envie est même en progression de sept points – aujourd’hui à 59% – par rapport à l’enquête Interfel/Ifop de 2022.

Si les Européens souhaitent augmenter leur consommation de fruits et légumes, certains sont encore loin du compte de la recommandation journalière recommandée par l’OMS, qui s’établie à 400 grammes par jour et par personne. Les Français en consomment en moyenne 321 grammes par jour, loin derrière les Grecs, à 472 grammes par jour, ou les Belges qui en mangent 460 grammes, selon Interfel. Parmi les produits les plus plébiscités sur le continent, se trouvent notamment les pommes et les poires, qui représentent une consommation de 18,4 kg par an et par personne. Viennent ensuite les agrumes, à 15,9 kg par an et par habitant ou encore les tomates, à 11,8 kg annuels par personne.

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Malgré la volonté des Européens d’accroître leur consommation de fruits et légumes, il reste toutefois un obstacle de taille : le prix. Avec une inflation en hausse de 3,1% sur un an au mois de janvier en France, l’alimentation pèse de plus en plus lourds dans le panier des consommateurs, à 5,7% sur un an, selon l’Insee. Pour 65% des Français, le prix est ainsi le principal frein, contre 49% des Néerlandais. Certains ont été obligés de réduire leur consommation de fruits et légumes ces derniers mois, pour 53% des Français, 47% des Italiens ou encore 42% des Espagnols. «Cela entraîne des stratégies d’adaptation : vous sautez des repas, vous mangez plus léger ou vous achetez des produits moins cher, comme des conserves», relève Samuel Jequier. Pour le spécialiste, les fruits et légumes ne sont «aujourd’hui plus forcément accessibles cinq fois par jour», comme recommandé par l’OMS.

Pour relancer les ventes de la filière, 87% des Européens «sont ainsi favorables à une suppression des taxes sur les fruits et légumes». Si cette mesure a déjà été mise en place l’an dernier en Espagne, elle semble efficace : «70% des répondants espagnols jugent que la suppression des taxes sur les fruits et légumes leur a permis d’en acheter plus ou autant qu’avant.» Pour améliorer leur pouvoir d’achat, les consommateurs proposent également une autre solution. «75% des Européens sont favorables à la mise en place d’un chèque fruits et légumes à destination des ménages les plus modestes», souligne l’étude.

Une proposition déjà mise en avant en 2022 par l’association Familles rurales «pour ne pas détourner les familles aux budgets les plus modestes de ces aliments bons pour la santé». Elle estime qu’investir «dans un programme nutritionnel associant prévention et aide aux plus précaires constitue la clé pour freiner le développement de trop nombreuses pathologies liées à la consommation de produits trop gras, trop sucrés, trop salés en trop grande quantité». Une demande pour l’heure restée lettre morte du côté du gouvernement.