«Faire des achats groupés, c’est une très bonne idée, a reconnu mercredi sur France Bleu Élisabeth Borne, c’est quelque chose […] sur laquelle on va pouvoir travailler dans les prochains mois pour la rentrée 2024». Sur le papier, acheter des fournitures scolaires à plusieurs ne présente que des avantages : un gain de temps, des économies et une meilleure cohésion entre les parents et les professeurs. Pourtant, cette initiative n’est appliquée que dans de rares établissements et peine à se généraliser.

Première difficulté, «il faut trouver un groupe de parents qui veut bien organiser des achats groupés», explique Grégoire Ensel, président de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves (FCPE). En effet, ce ne sont ni les écoles, collèges ou lycées qui s’occupent de la logistique, car il faudrait embaucher du personnel supplémentaire ou ajouter du temps de travail. Contacté par Le Figaro, le ministère de l’Éducation n’a pas fourni d’explications. Ce sont donc les parents d’élèves qui se réunissent bénévolement et qui réalisent eux-mêmes les négociations avec les fournisseurs.

Au collège privé Saint-Magloire, situé à Dol-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, ce fonctionnement existe depuis dix ans. Chaque année, un kit de fournitures est conçu par des parents à destination des élèves de sixième, cinquième et quatrième. «Les bénévoles s’en occupent de A à Z, une fois qu’un accord avec les enseignants a été trouvé. On construit ensuite le kit et on demande un devis à notre fournisseur historique, qui est une librairie-papeterie locale», mentionne Jean-Marc Papail, membre de l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre (APEL). «Une fois qu’on a validé le devis, on centralise la livraison et on remplit nous-même les sacs avec toutes les fournitures incluses dans les kits», complète-t-il.

Résultat, des paniers «à prix coûtants», qui défient toute concurrence : 58 euros pour le kit de sixième (qui comprend en plus des fournitures classiques, un agenda et des références d’arts plastiques), 34 euros pour celui de cinquième et 56 euros pour le kit de quatrième. Si celui de sixième est obligatoire pour tous les élèves, les parents restent au rendez-vous d’une année sur l’autre. «L’année dernière, nous avons écoulé 177 kits pour les élèves de sixième, 165 pour les cinquièmes et 166 pour les quatrièmes», relève Jean-Marc Papail.

Si ces kits permettent aux parents d’éviter la cohue dans les rayons des supermarchés, ils leur assurent également des économies. En plus de l’alimentation, les fournitures scolaires sont, elles aussi, frappées par l’inflation. Fin juillet, l’UFC-Que-Choisir relevait une augmentation de 10% en un an «sur les stylos, cahiers, règles et autres matériels». Grégoire Ensel l’assure, les achats groupés permettent des économies de l’ordre «de 20 à 30% moins cher sur les prix de gros, en comparaison avec les supermarchés». Une solution qui permet donc, en partie, de réduire les hausses de prix sur la facture finale.

Attention toutefois aux fournisseurs et aux spécialistes de l’achat groupé qui se multiplient sur Internet. «Ils proposent parfois des tarifs élevés et sont souvent affichés hors taxes», avertit Jamy Belkiri, présidente du pôle consommation de Familles de France. «Il faut aussi être vigilant sur les frais de livraison, qui s’ajoutent en fin de commande», complète-t-elle. Pour Sandrine Le Mad, présidente APEL du collège Saint-Joseph de Bruz, en Ille-et-Vilaine, «il ne faut pas hésiter à réaliser des devis avec plusieurs fournisseurs». Reste ensuite à choisir le moins cher et le plus sérieux.

Pour les parents qui souhaitent se lancer dans l’achat groupé, Sandrine Le Mad recommande de «se constituer une bonne équipe» car «effectivement ça prend du temps» et «il faut être à l’écoute des parents». «Mais pour les bénévoles, c’est une expérience très intéressante, insiste-t-elle, au collège on ne rencontre normalement plus les parents, donc on a le droit à des moments d’échanges privilégiés». «On peut aussi travailler avec l’établissement et les professeurs, notamment sur le poids des cartables et l’optimisation de la liste des fournitures scolaires», ajoute Grégoire Ensel. Une initiative qui permet donc de retrouver une certaine solidarité entre les adultes et d’assurer un retour en douceur vers la rentrée.