À l’aube de ses 30 ans, Euronews veut se redéployer sur le Vieux Continent. Jeudi matin, la direction a présenté aux salariés, lors d’un comité social et économique, les nouvelles orientations stratégiques du groupe jusqu’en 2025, visant à recentrer le groupe sur l’information européenne et à enrayer ses lourdes pertes.
Lancée en 1993 par une vingtaine de groupes audiovisuels européens et pensée à ses débuts comme une alternative à l’américaine CNN, Euronews, diffusée dans 160 pays, touche aujourd’hui plus de 400 millions de foyers dans le monde. Mais elle connaît de sérieuses difficultés financières. La chaîne cumule en effet plus de 180 millions de pertes depuis ses débuts, dont 150 millions, rien que sur les dix dernières années.
Pour redresser la situation, la direction a annoncé le projet de suppression à Lyon, où se situe le siège social de l’entreprise, de 198 emplois, dont 123 au sein de la rédaction. Cela représente près de la moitié des effectifs du groupe qui totalisait fin janvier 478 salariés. Parallèlement, Euronews compte créer 120 postes de journalistes afin de suivre au plus près l’actualité des institutions de l’Union ainsi que celle des principaux pays européens. Dans le détail, la chaîne va ouvrir 70 postes à Bruxelles, qui s’ajouteront aux quinze déjà existants là-bas. Et 50 autres disséminés dans six grandes capitales du Vieux Continent, comme à Rome ou à Madrid. Au terme de ce plan, le nombre de journalistes d’Euronews devrait rester quasiment inchangé.
Afin de réaliser des économies, Euronews va également vendre son siège social, un bâtiment de 10 000m² emblématique du quartier de la Confluence à Lyon, signé des architectes Jakob MacFarlane.
Le virage éditorial de la chaîne et de la plateforme Euronews intervient quelques mois après l’arrivée au capital d’un nouvel actionnaire, le fonds portugais Alpac Capital. Ce dernier avait repris 88 % des actions du groupe détenues par le magnat égyptien Naguis Sawiris. Et nommé Guillaume Dubois, ex-DG de BFMTV et directeur de l’antenne de LCI, au poste de directeur général d’Euronews.
Ce repositionnement pourrait permettre au groupe de conserver le financement octroyé par la Commission Européenne pour la production de programmes, et qui s’élève à environ 18 millions d’euros en 2023. La nouvelle offre éditoriale, qui doit permettre d’augmenter les revenus d’Euronews, couplée à une maîtrise des coûts, laisse espérer un retour à l’équilibre en 2025.
