«Même si l’Antarctique fascine, la vie y est parfois difficile». Assistante aux ressources humaines de l’Institut polaire français Paul-Émile Victor (IPEV), Anne Savary prévient les candidats qui n’auraient pas froid aux yeux à l’idée de s’engager. Comme chaque année, cet institut de recherche recrute des contractuels et volontaires en service civique pour travailler dans ses bases situées au Pôle Sud. À l’issue du job dating à Brest, les premiers départs auront lieu en octobre 2024, avec un retour au plus tard pour Noël 2025. Les contrats proposés s’étirent de deux à quatorze mois, s’ils sont «campagnards» ou «hivernants».

«Les campagnards partent entre fin octobre et début janvier, pour une durée n’excédant pas trois mois, car il n’est plus possible de quitter l’Antarctique à compter du mois de mars», explique Anne Savary. Pour cause, les conditions météorologiques empêchent les avions de se poser, et la banquise se reforme complètement, rendant impossible également le passage des bateaux. Les hivernants (les saisons sont inversées dans l’hémisphère Sud NDLR), quant à eux, prolongent leur séjour durant au moins un an.

Selon la base où ils seront affectés, les explorateurs des temps modernes n’auront pas les mêmes conditions de vie. À Concordia, base franco-italienne située dans les terres, les températures en été (jusqu’en mars donc) avoisinent les -30°C en été, et descendent même jusqu’à -80°C le reste de l’année. L’autre base, Dumont-d’Urville est située au nord du continent, sur les îles subantarctiques en Terre Adélie. Il y fait «seulement» -1°C en période estivale, et -17°C l’hiver.

Que les candidats se rassurent : l’IPEV fournit les combinaisons afin de survivre à ces températures hors-normes. Et un médecin est présent en permanence au sein de chaque base, ainsi qu’aux côtés des expéditions de ravitaillement. «Ce sont des convois terrestres qui peuvent mettre 10 jours à arriver, pour acheminer des vivres et du carburant des îles jusqu’à Concordia», indique Anne Savary. «Mais les contractuels sont rarement amenés à quitter les bases», tempère-t-elle.

À lire aussiCoût de l’énergie: le budget de l’Institut polaire «complété» de trois millions d’euros

Au total, ce sont 80 personnes qui seront recrutées afin d’assister les membres permanents de l’IPEV dans leurs missions. L’IPEV recherche de quoi nourrir et faire fonctionner ses bases : un boulanger-pâtissier, cuisinier, plombier, mécanicien engins, mécanicien central, électrotechnicien, chef mécanicien, outilleur, responsable technique, et enfin un technicien instrumentation. «Il est important d’être qualifié, car la personne sera souvent la seule à effectuer son métier». Avis au cuisinier : il devra être spécialisé dans la restauration collective, afin de pouvoir nourrir jusqu’à 120 personnes au plus fort de l’activité de sa base.

Pour postuler, il faut donc tout d’abord se rendre aux Ateliers des Capuçins de Brest le 19 octobre, dans l’après-midi. Là, d’anciens hivernants et des scientifiques travaillant dans les stations polaires échangeront avec les candidats. Après une première lecture des CV, les profils adéquats passeront un entretien et des tests techniques, pour s’assurer de leur bonne autonomie. Puis les candidats sélectionnés devront se rendre à Paris afin de subir un examen complet (radios, électrocardiogramme) au service médical des TAFF, les Terres Australes et Antarctiques Françaises. Enfin, un entretien avec un psychologue et des tests de personnalité parachèvent le processus de sélection. Anne Savary insiste : «Il faut avoir une bonne condition physique, et être certain de sa motivation car il n’y a pas de retour possible».