Le groupe bancaire BPCE a chiffré jeudi à 240.000 le nombre d’emplois menacés par les défaillances d’entreprises en 2023 en France, un record depuis au moins sept ans. Si le nombre de défaillances d’entreprises a retrouvé ses niveaux pré-Covid (56.601), leur hausse est notable pour les petites et moyennes entreprises, avec un impact sur l’emploi bien plus important que les précédentes années. «2023 a été extrêmement compliquée pour les PME et les ETI (entreprises de taille intermédiaire)» a résumé Julien Laugier, économiste auprès de la BPCE, l’organe commun de la Banque populaire et la Caisse d’épargne. Avec pour conséquence environ 240.000 emplois menacés par ces défaillances, un tiers de plus qu’en 2019 et un niveau inédit depuis au moins 2016, date à laquelle la BPCE a établi sa méthodologie de calcul, à partir des données des tribunaux de commerce.

Pour expliquer cette hausse, le groupe bancaire avance d’abord un effet de rattrapage des années Covid, pendant lesquelles les fortes aides de l’État avaient paradoxalement permis un niveau de défaillance bien plus faible que les années précédentes. D’autres facteurs conjoncturels pourraient avoir joué : une «activité quasi-atone depuis environ un an», une hausse du coût de financement des entreprises du fait de la remontée des taux d’intérêt et une pression sur les marges des plus petites entreprises.

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Pour 2024, les économistes de la BPCE ne prédisent pas de «scénario catastrophe», mais un nombre de défaillances malgré tout en hausse, à 62.000, autour de la moyenne des années 2010-2015. «À la faveur du ralentissement de l’inflation , on devrait avoir une progression plus significative de la consommation qui devrait profiter aux petites et moyennes entreprises», a estimé Alain Tourdjman, directeur des études économiques de la BPCE. Environ 250.000 emplois seront toutefois menacés, a-t-il estimé. Surtout, certains secteurs pourraient particulièrement souffrir, comme celui de l’immobilier et du bâtiment, fragilisé par le maintien des taux d’intérêt à un niveau élevé.

L’érosion des marges pourrait par ailleurs être difficile pour le secteur de la restauration et du service aux entreprises. En revanche, le reflux de l’inflation devrait profiter au secteur du commerce de détail, à l’agroalimentaire et, dans une moindre mesure, aux services aux particuliers, estiment les économistes de la BPCE.