Le géant énergétique français Engie signe une année 2023 fructueuse avec un résultat net récurrent conforme aux attentes en hausse de 3,8%, malgré une baisse de 12% de son chiffre d’affaires, et a annoncé jeudi relever ses prévisions pour 2024. Ce producteur et fournisseur d’électricité et gaz, dont l’État français détient près de 24%, a dégagé 82,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023, en baisse de 12% par rapport à l’année précédente, principalement en raison de l’accalmie sur les prix du gaz et de l’électricité.

C’est moins que ce que prévoyait le consensus des analystes interrogés par Bloomberg et Factset, qui pariaient sur un chiffre d’affaires à 95,4 milliards d’euros. Mais les investisseurs ne lui en tenaient pas rigueur: vers 09H15, l’action d’Engie gagnant 2,28% à 14,86 euros à la Bourse de Paris. Le résultat net récurrent, donnée privilégiée par le groupe excluant les événements exceptionnels, s’est affiché à 5,4 milliards d’euros ( 3,8%), conforme au consensus des analystes interrogés et aux prévisions du groupe, relevées deux fois en 2023.

Le résultat net a lui été plus que multiplié par dix, bondissant à 2,2 milliards d’euros en 2023 après une année 2022 qui l’avait vu presque réduit à néant (200 millions d’euros) en raison de lourdes charges. Catherine MacGregor, directrice générale du groupe, a salué auprès des journalistes de «très bons résultats pour 2023», «qui illustrent la solidité de notre performance opérationnelle et financière».

À lire aussiLe nouveau ministre de l’Énergie Roland Lescure consacre son premier déplacement sur le sujet à une ferme solaire

L’année 2023 pour Engie a été marquée par un accord historique en Belgique prévoyant l’arrêt de plusieurs centrales nucléaires d’ici 2025 opérées par sa filiale Electrabel, parallèlement à la prolongation de dix ans de deux réacteurs, Doel 4 et Tihange 3. Le groupe a acté pour ses prévisions 2026 «une baisse des résultats du nucléaire en Belgique avec l’arrêt de plusieurs centrales d’ici 2025», cet accord «nous permet de réduire considérablement le niveau de risque pour le groupe», a souligné Catherine MacGregor.

À long terme, le groupe veut mise sur les renouvelables, tout en prônant, à l’instar de TotalEnergies, le maintien du gaz comme énergie de transition. «Nos résultats sont très solides en 2023 avec une croissance de 18% d’Ebit (résultat d’exploitation, NDLR) hors nucléaire», à 9,5 milliards d’euros, a souligné Pierre-François Riolacci, directeur général adjoint finances, auprès de journalistes.

Cette croissance de la rentabilité hors nucléaire «est portée principalement par deux activités», explique-t-il. «La première, c’est le renouvelable», dont la progression est soutenue par «la contribution des capacités nouvellement mises en œuvre, ainsi que la hausse des prix que nous avons captée». Dans le détail, Engie a augmenté ses capacités en énergies renouvelables de 3,9 GW en 2023, avec des mises en service en Amérique du Nord, en Europe et en Amérique latine, portant sa capacité totale à 41,4 GW.

La croissance de la rentabilité hors nucléaire est aussi portée par sa division GEMS (Global Energy Management

À lire aussiÉnergies : un quart de la chaleur consommée en France provient d’origine renouvelable

«Nous nous sommes recentrés, nous avons renforcé notre performance (…) Nous allons maintenant poursuivre ce chemin pour faire d’Engie en 2026 un groupe qui est encore plus fort (…) et qui va saisir pleinement les nombreuses opportunités de la transition énergétique», a affirmé sa directrice générale. À plus courte échéance, le groupe annonce revoir «à la hausse son objectif de résultat net récurrent» pour 2024, «malgré la baisse des prix de marché au cours des derniers trimestres et compte tenu de la croissance» de ses activités de fourniture d’énergie aux entreprises et grands consommateurs.

L’ex-GDF Suez vise désormais un résultat net récurrent compris entre 4,2 et 4,8 milliards d’euros, contre 3,8 à 4,4 milliards d’euros annoncés précédemment. «C’est inférieur à 2023 puisque les conditions de marché sont différentes, mais c’est bien supérieur à 2021, meilleure année de comparaison en termes de conditions de marché», a affirmé aux journalistes Catherine MacGregor. Le groupe propose à ses investisseurs un dividende de 1,43 euro par action, stable par rapport à l’année précédente.