En Europe aussi, les questions budgétaires font couler beaucoup d’encre. Jeudi dernier se sont ouverts les débats pour le nouveau cadre financier pluriannuel de l’Union. Les 27 ont jusqu’en décembre pour se mettre d’accord quant aux montants à allouer à chacun des postes de dépenses. L’enveloppe actuelle de 1216 milliards d’euros, censée couvrir les frais de l’Union Européenne sur la période 2021-2027, ne suffit plus. Il faut dire que les calculs faits en 2020 ont quelque peu été perturbés par la guerre en Ukraine et les milliards d’euros d’aides envoyés à Kiev. C’est pourquoi, à la demande de la Commission, le couvert a été remis à la table des négociations. Et comme plat de résistance, l’exécutif européen propose aux États membres une rallonge de 66 milliards. Rallonge qui servirait notamment à augmenter… le salaire des fonctionnaires européens.

Si une augmentation du budget européen est «probablement» nécessaire, comme le reconnaît à contrecœur Mark Rutte le premier ministre néerlandais, mettre une nouvelle fois la main à la poche demande un effort supplémentaire pour les pays contributeurs nets, comme les Pays-Bas, l’Allemagne, la France ou encore l’Italie. Or, la principale manne financière de l’UE vient des États membres, via leur contribution proportionnelle à leur poids économique au «revenu national brut» qui représente 64% du budget total. Surtout que «les États membres font tous de très gros efforts pour mettre de l’ordre dans leurs budgets», observait amèrement Alexander de Croo. Comme le rapportent nos confrères de l’Opinion, le premier ministre belge a tapé du poing sur la table : «Nous demandons aux institutions européennes de faire le même». Position également défendue par Mark Rutte pour qui « tout comme dans le budget national, il faut de temps en temps se serrer la ceinture sur d’autres postes».

À lire aussiBruxelles demande 66 milliards d’euros supplémentaires pour le budget européen

La pilule passe d’autant plus mal que le salaire des fonctionnaires européens est régulièrement la cible de critiques. En effet, sur les 66 milliards supplémentaires demandés par la Commission, 1,9 milliard d’euros seraient destinés aux augmentations salariales, notamment pour rattraper l’inflation, et à l’embauche de nouveaux personnels. Sauf que le revenu moyen d’un agent de l’Union européenne s’élèverait à 6.500 euros nets par mois, selon le site emploipublic.fr. Plus de deux fois le salaire moyen des fonctionnaires français. L’ardoise totale est plutôt conséquente : les dépenses au titre de l’administration publique européenne culminent à 82,5 milliards d’euros sur la période 2021-2027.

Interrogé vendredi au sujet de la proposition financière de la Commission, Emmanuel Macron s’est montré assez critique : «Le montant qui est proposé aujourd’hui nous paraît trop important. Nous avons donc demandé une baisse, mais je ne pense pas que cette baisse doit se faire en sacrifiant des priorités [le soutien à l’Ukraine notamment, NDLR]». Tout juste sorti du Conseil Européen, le chef de l’État a invité la Commission a également se serrer la ceinture et à abandonner l’augmentation des dépenses salariales : «Dans la mesure où dans la plupart des pays européens, nous faisons des économies pour pouvoir maintenir nos investissements de souveraineté, de défense ou autres, nous avons appelé la commission à ce qu’il n’y ait pas d’augmentation sur ce poste-là», a détaillé le président français.