C’est l’un des sujets sur lequel l’exécutif attend des propositions des partenaires sociaux à la rentrée. Malgré un taux de chômage parmi les plus bas dans la population -5,7%-, l’emploi des seniors reste l’un des points faibles du marché du travail français. En 2022, seuls, 56,9% des 55 à 64 ans étaient en emploi, contre 62,4% en moyenne au niveau européen, révèle une nouvelle étude de la Dares parue ce mercredi. Ce score, certes en augmentation continue depuis plusieurs années, place Paris à une peu glorieuse 17e place sur 27 au sein du vieux continent.

Derrière le chiffre de 56,9%, se cachent toutefois d’importantes disparités entre les âges. Ainsi le taux d’emploi qui atteint les 82,5% pour les 25-49 ans, se maintient à 76,4% pour les personnes ayant entre 55 et 59 ans. Un chiffre dans la moyenne de l’UE. Il chute ensuite brutalement pour plafonner à 36,2% sur les 60 à 64 ans, plus de 12 points sous la moyenne du vieux continent.

Ce fossé s’explique par le départ plus précoce des Français à la retraite. La courbe du taux d’emploi des seniors est sur ce point édifiante. Leur présence sur le marché du travail diminue de 1975 -date des premières données publiées – jusqu’à la fin des années 90 et particulièrement à partir de 1983, date à laquelle il était possible de partir «à la retraite à taux plein dès 60 ans en ayant cotisé 37,5 ans». Résultat, pendant les vingt années qui suivent, le taux d’emploi des 60-64 ans baisse de 12,9 points…

À l’inverse, les reculs progressifs de l’âge légal de départ à la retraite, de 60 à 62 ans, et l’allongement de la durée de cotisation, ont permis de rattraper une partie du retard accumulé. La réforme de 2023, qui repousse encore progressivement l’âge de départ, cette fois de 62 à 64 ans, devrait aussi avoir un impact réel. Entrés en vigueur le 1er septembre, les effets ne devraient toutefois pas se faire sentir avant plusieurs années.

En corollaire, le nombre de seniors ni en emploi, ni en retraite croît progressivement jusqu’à 61 ans avant de diminuer. Toujours sous l’effet des départs en retraite. Cette situation touche principalement les ouvriers et employés. Entre 55 et 59 ans, 29,4% des premiers et 24,7% des seconds sont concernés, contre 10,2% des cadres.

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Néanmoins, et à l’image du reste du marché du travail, si la situation reste perfectible, la tendance est encourageante, souligne la Dares. Le taux d’emploi des seniors est «au plus haut depuis 1975». Mieux, cette croissance est rapide. La part des plus de 55 ans au travail s’est accrue de 2,5 points par rapport à l’avant-crise et de 11 points en dix ans. Autre source de satisfaction, la participation des femmes seniors au marché du travail est, elle, proche de la moyenne européenne. Malgré un léger écart du taux d’emploi en leur défaveur par rapport à celui des hommes – 55,5% contre 58,3% – ce dernier se trouve moins d’un point au-dessous de celui de l’UE -56,3%. Tandis que l’écart chez les hommes est supérieur à 10 points.

Des chiffres qui vont être sans doute étudiés de près par le gouvernement, qui se réfère de plus en plus au taux d’emploi pour juger de l’amélioration de la situation du marché du travail. Le ministre du Travail avait ainsi cité la Suède comme exemple à suivre. Mais avec un taux de 77,3% chez les 55-64 ans pour le pays scandinave, le chemin à parcourir est encore long.