C’est toujours non. En déplacement à Bergerac ce jeudi, Emmanuel Macron a fermé une nouvelle fois la porte à toute hausse d’impôts, malgré les appels d’une partie de la classe politique à revenir sur cette promesse afin d’assainir les comptes publics. «Nous avons eu un choc conjoncturel, en fin d’année dernière […], ce qui fait qu’on a eu un déficit qui s’est dégradé en 2023, et une croissance en 2024 plus faible qu’attendue», a avancé le chef de l’État. Et de fermer immédiatement «l’hypothèse de dire qu’on va régler ce choc conjoncturel par plus d’impôts». Cette «maladie française» ébranlerait «la confiance des ménages, des entreprises, de nos partenaires», a-t-il ajouté, lui préférant donc la stabilité fiscale.

À la place d’une hausse des recettes engendrée par une augmentation des prélèvements, le président de la République a défendu sa politique s’appuyant sur une reprise de l’activité, grâce au plein-emploi, à la réindustrialisation ainsi qu’au réarmement des services publics. «Est-ce que notre stratégie est mauvaise ? Non, elle produit des résultats», s’est-il exclamé, soulignant le combat de son gouvernement contre le chômage, «maladie française». Emmanuel Macron a aussi rappelé les efforts d’économie réclamés aux services de l’État, pour limiter les dépenses et le déficit. «Notre ligne, elle est simple, elle est cohérente […]. On y croit. […] Moi, je ne pense pas que la réponse, ce soit des impôts en plus», a-t-il martelé.

Ces propos, tenus maintes fois par le passé et répétés le jour même de l’ouverture de la déclaration des revenus en ligne, seront écoutés avec attention par les contribuables, alors que les appels à augmenter les recettes de l’État se multiplient face au dérapage des comptes publics, y compris au sein même de la majorité. Fin mars, François Bayrou a ainsi appelé à ouvrir «une discussion» sur une augmentation ciblée des impôts, qui toucherait «ceux qui ont le plus de moyens, y compris le plus de moyens en fonction de la crise, sans casser l’image de la France qui permet d’attirer les investisseurs». Plus facile à dire qu’à faire, a toutefois reconnu le proche du président de la République.

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Lors de ce déplacement dans l’usine Eurenco de Bergerac dédié à l’économie de guerre et à l’armement, le chef de l’État a par ailleurs désamorcé la crise qui minait sa relation avec le patron de Bercy, Bruno Le Maire, présent à ses côtés. «Il n’y a pas de désaccord dans la République française, il n’y en a jamais eu, parce que ça ne marche pas comme ça, et ce n’est pas la manière dont on travaille depuis sept ans avec le ministre de l’Économie et des Finances», a-t-il déclaré. Avant de répéter, quelques secondes plus tard, la «constance» de la ligne portée par Bruno Le Maire.

Cette opération déminage intervient alors que la tension montait entre les deux hommes, depuis quelques jours, à mesure que les mauvaises nouvelles s’accumulaient sur le plan économique et financier. «Bruno, ça fait quand même sept ans que tu es là», s’est ainsi agacé Emmanuel Macron, lors d’une réunion consacrée aux finances publiques, comme le dévoilait Le Figaro . Reste à voir si les verdicts des agences de notation, attendus dans quelques semaines, mettront un coup d’arrêt à ce réchauffement affiché, en cas de mauvaise nouvelle.