Le tribunal de commerce de Nanterre a placé jeudi le groupe d’Ehpad privé Medicharme en liquidation judiciaire, une procédure qui doit permettre de trouver des repreneurs pour la quarantaine d’établissements, qui poursuivent leur activité, sur fond de crise du modèle du secteur. «Les offres de reprise existantes ou attendues feront l’objet dans les trois semaines à venir d’une analyse approfondie», a indiqué Medicharme dans un communiqué. Elles seront examinées par la justice lors d’une audience le 21 mars.

L’objectif est de «trouver des solutions pour un maximum d’établissements, dans l’intérêt des résidents, des salariés et des bailleurs», avait précisé lundi Delphine Mainguy, arrivée à la tête de Medicharme en 2022, peu avant la révocation de l’ancien président et fondateur du groupe, Patrick Boulard. En difficultés financières, le groupe, qui gère 43 établissements en France, compte 1.200 salariés et propose plus de 2.000 lits, avait indiqué lundi qu’il comptait demander à la justice l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire avec le maintien de son activité.

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Parmi les 43 établissements, on compte 34 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), 7 résidences services seniors, une maison de retraite non médicalisée (Ehpa) ainsi qu’un Foyer d’accueil médicalisé (FAM). Medicharme, détenu par le fonds d’investissement anglais G-Square, fait face à une situation financière dégradée en raison d’une augmentation des coûts à cause de l’inflation et de la faiblesse du taux d’occupation de ses établissements. Une situation à laquelle font face de très nombreux Ehpad du secteur public, associatif ou privé.

Sa demande de placement en liquidation judiciaire fait suite à l’ouverture en novembre d’une procédure confidentielle de conciliation, associée à un dispositif de «prépack cession», qui permet d’accélérer le calendrier en arrivant devant la justice avec déjà plusieurs projets de reprise. Les repreneurs pourront racheter les établissements pour un prix symbolique et n’auront pas à éponger leurs dettes. Medicharme fait, par ailleurs, l’objet de deux enquêtes administratives dont les conclusions sont attendues pour début 2024.

L’inspection générale des Finances (IGF) et celle des Affaires sociales (Igas) ont été chargées d’examiner, entre autres, ses «pratiques commerciales et financières» du groupe, ses «pratiques managériales» ainsi que le «temps de présence effectif des personnels» auprès des résidents.