L’ancien PDG d’EDF Henri Proglio, jugé en mai pour des contrats litigieux quand il présidait le géant de l’électricité, est visé par une nouvelle enquête, portant cette fois sur des soupçons de corruption et d’abus de biens sociaux notamment, a indiqué une source judiciaire mardi. Dans le cadre de cette enquête préliminaire menée par le Parquet national financier (PNF), le domicile et le bureau de Henri Proglio ont été perquisitionnés le 14 septembre 2023, a précisé cette source, confirmant une information de Libération.

Le bureau de l’ancien PDG de Véolia Environnement (2003-2009) et d’EDF (2009 à 2014), 74 ans actuellement, est abrité dans un immeuble appartenant à EDF dans le VIIIe arrondissement de Paris, selon le quotidien. Deux salariés d’EDF mis à la disposition de Henri Proglio, un chauffeur et une assistante, ont également fait l’objet de perquisitions, a confirmé la source judiciaire. Cette enquête, confiée au Service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF), a été ouverte fin 2022 à partir d’un signalement de Tracfin, la cellule de renseignement financier rattachée au ministère de l’Economie, selon la même source.

Les infractions visées sont corruption, blanchiment de corruption, abus de biens sociaux et blanchiment de fraude fiscale. L’enquête porte sur l’activité de consultant que l’ancien patron du fournisseur d’électricité mène avec son cabinet de conseil, Henri Proglio Consulting, fondé en 2015. Outre ces contrats de conseil, décrochés en Russie ou au Congo-Brazzaville, les enquêteurs s’interrogent également sur l’origine des 300.000 euros en espèces retrouvés dans le coffre d’une banque, selon Libération, confirmé par la source judiciaire. Son avocat, Me Jean-Pierre Mignard, a précisé à l’AFP ne pas pouvoir commenter cette enquête, n’ayant pas accès au dossier.

Henri Proglio, EDF et son ancien secrétaire général, Alain Tchernonog, seront jugés du 21 mai au 6 juin pour favoritisme par le tribunal correctionnel pour des contrats passés entre 2010 et 2016 avec des consultants sans mise en concurrence. Une dizaine de consultants seront jugés à leurs côtés pour recel de favoritisme.

Six autres consultants ont déjà été condamnés depuis début 2023 dans le cadre de cette affaire lors de comparutions sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), sorte de plaider-coupable. Membre du conseil international de Rosatom, géant public russe du secteur nucléaire, M. Proglio avait annoncé ne pas vouloir démissionner en mars 2022, quelques jours après le déclenchement de la guerre en Ukraine.