Emmanuel Macron à l’offensive contre les hydrocarbures. Devant les quelque 140 chefs d’État et de gouvernement réunis à Dubaï pour le début de la COP28, le président de la République a plus ou moins exhorté les pays développés à suivre l’exemple de la France, « qui a un plan » pour se défaire de sa dépendance aux énergies fossiles, principales sources de réchauffement de la planète. Pour le « champion de la Terre » (titre dont l’ONU l’avait honoré en 2018), c’est « la priorité des priorités » : « Les pays les plus émetteurs doivent entrer dans cette logique de planification écologique et de transparence. » Et « si le G7 a une responsabilité majeure », « la Chine, qui est désormais le deuxième pays émetteur historique », doit aussi prendre sa part, a estimé le chef de l’État.
Si elle se permet de donner des leçons, c’est que la France n’a « pas à rougir de son bilan et de la crédibilité de son action », défend-on dans l’entourage du président, en rappelant que la planification écologique présentée en septembre dernier « permet de déterminer de manière précise, année après année par secteur, comment on va réduire notre dépendance aux fossiles ». Et le projet contesté de forages pétroliers en Gironde, qui vient de recevoir un avis favorable à l’issue d’une enquête publique, n’est pas un contre-exemple, assure-t-on à l’Élysée. « Il s’inscrit dans le respect du cadre légal adopté en 2017 » qui interdit de prolonger les concessions existantes au-delà de 2040.
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À l’occasion de cette COP28, c’est au charbon que la France veut tout particulièrement s’attaquer. Le combat est légitime puisqu’il s’agit du combustible fossile le plus émetteur de dioxyde de carbone. « Les centrales existantes, qui se concentrent largement en Asie aujourd’hui, émettront à elles seules suffisamment de CO2 pour que nous excédions la cible de 1,5 °C», l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, a d’ailleurs rappelé le président. La bataille semble toutefois plus facile à mener en France où le charbon représente à peine 3 % du mix énergétique… alors qu’il génère 60 % de l’électricité en Chine.
La poursuite des investissements en faveur du charbon est « une vraie absurdité », a ainsi martelé Emmanuel Macron. Et si les pays émergents « doivent en sortir», ceux du G7 doivent là encore « montrer l’exemple et s’engager à (y) mettre fin chez eux avant les autres, c’est-à-dire avant 2030 ». La France, elle, s’est engagée à fermer sa dernière centrale à charbon d’ici 2027, a signalé le président. Il appelle la COP à focaliser ses efforts sur le secteur privé qui n’a aujourd’hui « aucune désincitation pour financer une centrale à charbon par rapport à du renouvelable ou autre. C’est totalement absurde ! ».
Politique commerciale, lutte contre la pauvreté, transformation de l’architecture financière internationale, adaptation des modèles agricoles, défense de la biodiversité… Énonçant ses maintes priorités – et dépassant largement le temps qui lui était imparti à la tribune –, Emmanuel Macron a en outre annoncé jusqu’à 100 millions d’euros en faveur du fonds « pertes et dommages » destiné aux pays les plus vulnérables, dont la mise en œuvre a été actée jeudi, au premier jour de la conférence sur le climat.