Alors qu’Emmanuel Macron a à peine effleuré, lors de la grande discussion de mardi soir, le thème des finances publiques, le patron de la Cour des comptes, Pierre Moscovici s’est efforcé, à l’occasion de ses vœux à la presse, de rappeler l’urgence de cette question. «Notre niveau d’endettement atteint des sommets et la trajectoire avancée de rétablissement apparaît fragile et peu ambitieuse», a-t-il insisté.

Le Parlement a en effet adopté, cet automne, une loi de programmation des finances publiques, pour la période 2023-2027. Dans ce texte, Paris s’engage à ramener son déficit sous les 3% en 2027, soit plus tard que la grande majorité de nos partenaires européens.

Et de noter que, malgré bien des promesses, «l’année 2023 n’a pas été, contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, synonyme de la fin du “quoi qu’il en coûte”». Le déficit s’est en effet dégradé par rapport à 2022, pour atteindre 4,9 points de produit intérieur brut (PIB), tandis que la dette pointe à 112% du PIB.

Inverser la tendance exigera du volontarisme politique avec des décisions parfois difficiles à prendre. D’autant que le scénario du gouvernement pour 2024 repose sur une hypothèse de croissance de  1,4% quand l’ensemble des économistes vise plutôt 0,8%. Les 12 milliards d’euros d’économies prévues pour la prochaine loi de finances pourraient donc bien se révéler insuffisants pour boucler le budget, qui prévoit un déficit public de 4,4%.

Malgré les économies programmées, «les dépenses publiques seraient, en 2024, encore supérieures de 1,5 point de PIB à leur niveau d’avant crise sanitaire, avec un niveau de prélèvements obligatoires stable», a rappelé Pierre Moscovici. Le premier président de la Cour des comptes s’inquiète également de l’envolée des taux d’intérêt, particulièrement pénalisante pour un État aussi endetté que la France. «En 2027, la charge de la dette (84 milliards d’euros) sera le premier budget de l’État: cela n’est jamais arrivé dans notre histoire financière», a-t-il déclaré.

Pierre Moscovici a, par ailleurs, tenu à répondre aux vives polémiques sur le report, du 13 décembre au 4 janvier, du rapport de la Cour sur l’immigration. Des personnalités LR, notamment, l’avaient accusé d’avoir privé le Parlement d’informations essentielles, au moment du vote de loi. «Ce n’est pas par volonté de dissimuler une information au Parlement et au grand public que j’ai été amené à proposer cette décision, c’est par une volonté de défendre l’impartialité, la neutralité de la Cour et sa réputation», a conclu Pierre Moscovici.