Des compagnies aériennes ont multiplié cet été les infractions aux règles de couvre-feu dans des aéroports français, en particulier à Paris-Orly, théâtre de «manquements délibérés», a accusé jeudi l’autorité indépendante contrôlant ces nuisances. «On a constaté une augmentation très forte des vols en débordement», au-delà du début du couvre-feu, en vigueur sur plusieurs plateformes aéroportuaires dont les franciliennes, ou en violation des engagements des compagnies, a déclaré à l’AFP le président de l’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa), Gilles Leblanc.

Ces avions de ligne en retard et atterrissant en pleine nuit, cela provoque «évidemment une augmentation des tensions locales» et des protestations des associations de riverains et des dirigeants politiques, a-t-il mis en garde. Ce problème est, selon Gilles Leblanc, dû à des programmes de vols trop ambitieux et sans marge d’erreur: le modèle des compagnies low cost consiste à faire voler leurs appareils toute la journée en enchaînant les rotations, et tout retard se répercute jusqu’à la fin de la journée.

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À Orly, soumis à couvre-feu à partir de 23H30, des avions en retard peuvent demander des dérogations à la Direction générale de l’aviation civile pour atterrir après cette limite. S’ils ne l’obtiennent pas, ils se déroutent sur Roissy-Charles-de-Gaulle (CDG), où le couvre-feu est lui à 00H30, mais il arrive aussi qu’ils atterrissent après l’heure fatidique. Et le lendemain, «ils quittent à la première heure Roissy pour un vol de 10 minutes afin de se repositionner à Orly», s’est indigné Gilles Leblanc, dénonçant un «bilan sanitaire, environnemental et climatique calamiteux». Rien qu’en juillet, CDG a vu «113 arrivées en présomption de manquement» – la faute n’étant pas caractérisée tant que l’affaire n’a pas été jugée -, dont 50 étaient déroutés d’Orly.

Certaines compagnies ont même forcé le couvre-feu à Orly, une infraction qui peut leur coûter jusqu’à 40.000 euros d’amende mais qui n’est pas forcément dissuasive d’après M. Leblanc. À Nantes aussi la situation est «très problématique»: «On a déjà reçu 183 dossiers de poursuites» pour violation présumée du couvre-feu depuis le début de l’année, contre «210 l’an dernier pour l’ensemble de l’année», a-t-il révélé. Et si les compagnies ont tendance à faire peser la responsabilité de ces retards sur le contrôle aérien – en effet dans une situation tendue en Europe -, Gilles Leblanc estime, au vu des dossiers instruits, qu’ils sont surtout dus à une «désorganisation» des transporteurs.