Rares sont les sociétés technologiques qui parviennent à lever des fonds à un niveau de prix nettement supérieur à celui qu’elles affichaient en 2021. C’est l’exploit de la société américaine Databricks, spécialisée dans l’analyse de données. Elle vient de lever plus de 500 millions de dollars, auprès de plusieurs fonds et d’un des nouveaux poids lourds technologiques mondiaux, Nvidia. Le tour de table, mené par le fonds T. Rowe Price Associates, valorise la société basée à San Francisco à 43 milliards dollars, contre 38 milliards à la fin de l’année 2021, lorsque la société avait accueilli à son capital, parmi d’autres, Microsoft, Google et Amazon. La raison de ce succès est assez simple : son métier est au cœur de la révolution déclenchée par l’intelligence artificielle générative.
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« Databricks permet aux grandes entreprises d’appliquer de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage profond sur de très grandes quantités de données réellement exploitables », expliquait son cofondateur et PDG, Ali Ghodsi, au Figaro en 2021. Vidéos, e-mails, voix, imagerie médicale, photos satellite… Toute cette riche matière qu’accumulent les entreprises nécessite d’être travaillée pour donner son plein potentiel. Tout comme le pétrole a besoin d’être raffiné pour produire sa vraie valeur ajoutée. Or c’est justement ce que permettent les technologies développées par Databricks. Ces données dites « non structurées » – par opposition aux chiffres bien rangés d’une base de données – sont celles qui vont justement nourrir toute la puissance et la richesse d’un modèle de langage comme ChatGPT. « Les données d’entreprise sont une mine d’or pour l’IA générative », souligne Jensen Huang, le fondateur et directeur général de Nvidia. Databricks travaille avec 10 000 clients dans le monde, dont HSBC, AstraZeneca, Toyota, Shell ou, en France, la SNCF.« Effet Spoutnik »
Databricks a pu constater immédiatement sur son chiffre d’affaires l’« effet Spoutnik » qu’a eu ChatGPT dans l’irruption de l’IA générative parmi les priorités des entreprises. Entre mai et juin, il a enregistré la meilleure croissance trimestrielle de son histoire, avec un bond de 50 % de ses revenus, qui ont dépassé pour la première fois 1,5 milliard de dollars. Pour aller beaucoup plus loin dans sa proposition de valeur sur ce créneau ultra-porteur, Databricks a mis la main cet été sur la très prometteuse start-up MosaicML pour 1,3 milliard de dollars. Ses logiciels permettent à des entreprises de créer leurs larges modèles de langage type ChatGPT, à partir de leurs propres données, et pour un coût très abordable, selon la promesse de l’entreprise. Ce mariage des savoir-faire, combiné au puissant partenariat technologique et financier conclu avec Nvidia, ouvre d’encore plus belles perspectives à Databricks. « Chaque organisation devrait pouvoir bénéficier de la révolution de l’IA avec plus de contrôle sur la façon dont ses données sont utilisées, insiste Ali Ghodsi. Nous les aidons à déployer des modèles de langage sur mesure qui offriront une expérience différenciée à leurs utilisateurs finaux. »Ce nouveau financement de 500 millions de dollars retarde la perspective d’une prochaine introduction en Bourse, à laquelle l’entreprise songe depuis plusieurs années, guettant le moment le plus opportun. Il lui permet de continuer à se développer sereinement, voire d’opérer d’autres acquisitions stratégiques dans un marché de l’IA ultracompétitif, qui exige d’avoir des poches profondes. « Databricks est à l’avant-garde de l’intelligence artificielle générative pour les entreprises », estime Alan Tu, analyste des investissements chez T. Rowe Price